Manger son animal de compagnie ou devenir végétarien. C'est le dilemme kafkaïen que posera l'émission de téléréalité britannique Meat The Family, présentée la semaine dernière lors du MIPCOM de Cannes et diffusée dès 2020 sur la chaîne Chanel 4.
Le concept ? Une famille, se considérant comme grande consommatrice de viande, adoptera une bête pendant trois semaines, qu'elle devra traiter comme son animal de compagnie. Boeuf, cochon, poulet, agneau... L'animal adopté sera celui qui finit le plus régulièrement dans les assiettes de cette famille.
A l'issu des trois semaines, la famille se verra présenter deux options : envoyer à l'abattoir l'animal dont elle a pris soin ces trois dernières semaines, le cuisiner et le manger ou devenir végétarienne et permettre à leur compagnon de rejoindre un refuge.
Si le concept peut sembler particulièrement sadique, pour Chanel 4, il s'agit surtout d'une façon de confronter les carnivores à la réalité de leur consommation. "La question qu'ils posent ici, c'est : comment pouvez-vous câliner votre chien alors que vous condamnez un autre animal au four ?" a expliqué Virginia Mouseler, présidente de la société The Wit spécialisée dans la télévision mondiale, lors du MIPCOM.
Car Meat The Family ne s'en tiendra pas qu'à cette épineuse question et lèvera le voile sur les coulisses de la production de viande. Chanel 4 a en effet déclaré que l'émission, d'une durée de trois heures, confrontera le spectateur à la réalité "du voyage d'un animal du champ à l'assiette".
Celle-ci étudiera également de près "le comportement et l'intelligence des animaux, les pratiques agricoles utilisées pour satisfaire les demandes des consommateurs et l'impact environnemental de l'industrie de la viande", rapporte The Independent. De quoi en faire, selon Virginia Mouseler, le show le plus transgressif de 2020 : "Ce n'est plus le sexe ou la drogue. La viande devient le prochain tabou."
Meat The Family se dévoile dans un contexte où le végétarisme et le véganisme prend peu à peu de l'ampleur. En France, les ventes de produits végétariens et végans ont augmenté de 24% en 2018, selon des données publiées en janvier 2019 par l'institut d'études Xerfi et relayées par Ouest France.
"La multiplication des scandales alimentaires, la remise en cause des bienfaits supposés du lait et de la viande ou encore la sensibilité accrue au bien-être animal ont de fait poussé les Français à se détourner des produits carnés au profit des protéines végétales", explique l'institut dans un communiqué.
Un chiffre à prendre avec des pincettes car si la plupart des Français réduisent bel et bien leur consommation de viande, ils sont bien moins nombreux à totalement arrêter. Un phénomène connu sous le nom de "flexitarisme" qui, lui, prend en revanche de l'ampleur. Selon Xerfi, si seuls 2,5% de la population serait aujourd'hui végétarienne ou végan, près d'un tiers des Français se considèrent en revanche flexitariens. Un chiffre révélateur de l'évolution des mentalités, que l'émission Meat The Family ne risque pas de faire redescendre.