"Les femmes ne vous doivent rien !"
Ca, c'est le nouveau mantra de Chappell Roan, 26 ans. Qui ça ? Chappell Roan, Kayleigh Rose Amstutz de son vrai nom, reine Américaine des charts en cette rentrée musicale, phénomène sur TikTok, bien que son premier album date de l'an dernier. Une artiste à part entière, queer, fantasque, multiple, dont les sonorités entêtantes empruntent autant à Kate Bush qu'à Lana Del Rey et Taylor Swift.
Si ce n'est déjà fait, rattrapez donc son merveilleux opus "The Rise and Fall of a Midwest Princess", qui oscille constamment entre l'euphorie et la mélancolie, mix aussi fluide que les looks de cette chanteuse exubérante et intimiste à la fois - dans un clip, elle apprend une chorégraphie de drag queens à ses grands-parents !... Et surtout, écoutez-la. En dehors des salles de concerts, elle a beaucoup à dire.
Et notamment, sur sa relation pas toujours évidente aux fans. Son coup de gueule contre le comportement inapproprié de certains anonymes est d'ailleurs hyper salutaire. Par comportement, il faut comprendre : gestes non consentis, abus physiques, et harcèlement pur et dur. Elle témoigne sur ses réseaux sociaux l'espace d'une vidéo vue plus de 13 millions de fois : "Je ne me suis jamais sentie autant en danger...".
Les chanteuses, pas "safe" ? Pourquoi ?
Chappell Roan développe, à l'adresse du public : "J'observe des comportements de prédateur déguisés en agissements de "superfans"... Je me fiche que vous m'estimiez égoïste parce que je refuse une photo ou un câlin. Tout cela n'est pas normal, tout cela est bizarre. Je ne les accepte pas. Car si vous voyez une femme lambda dans la rue, crieriez-vous sur elle à la fenêtre de sa voiture ? Iriez-vous la harceler en public ? Vous avez parfois des comportements délirants !... S'il vous plaît, arrêtez de me toucher. S'il vous plaît, arrêtez d'être bizarre avec ma famille et mes amis. S'il vous plaît, arrêtez de supposer des choses à mon sujet"
Roan énumère concrètement : gestes déplacés, câlins forcés, comportements relevant du harcèlement, sentiment de proximité trop fort... Ce que subissent bien des chanteuses partout dans le monde, l'artiste le refuse, et exige que des limites concrètes soient posées.
C'est un discours très sain en vérité. Car tout cela a trait aux enjeux de la révolution #MeToo sur le consentement. Le consentement est au coeur de tout son discours, et Chappell Roan estime à juste titre que les artistes, malgré leur relation très forte au public, ne doivent jamais négliger cela. Et ça marche dans les deux sens !
Et la chanteuse, rapportent nos confrères de Purecharts, de conclure : "Il faut fixer des limites. J'ai eu tellement d'interactions physiques et sociales non consenties que j'ai besoin de vous le rappeler, les femmes ne vous doivent rien. J'ai choisi ce chemin parce que j'aime la musique et l'art et que j'honore mon enfant intérieur. Je n'accepte aucune forme de harcèlement parce que j'ai choisi cette voie"
Il est rare d'entendre des propos aussi clairs et directs à ce sujet. Mais on devine aussi, vu l'intensité de ces mots, combien l'artiste éprouvait l'urgence de le partager à ses millions de fans. A juste titre.