"Non, pas Dylan !" La nouvelle est tombée, comme un couperet. Dylan est mort. Oui, le Dylan, notre Dylan. Celui que nous retrouvions à la sortie du collège, le blouson en cuir bien ajusté, le front savamment plissé à la James Dean, sa cicatrice au sourcil, le sourire en coin. Dylan, l'anti-Brandon, trop propret, trop sage, trop lisse, trop blond, trop chiant.
Dylan était bad boy, mais pas trop. Ni Brenda, ni Kelly ne le méritaient (bien entendu). Il faisait plus âgé, plus mûr que les autres et c'est ce qui le rendait diablement irrésistible. C'était le mec un peu cabossé dont on s'éprend évidemment éperdument parce qu'on ne peut pas l'avoir, celui qui s'échappe sans cesse, celui qui nous prévient gentiment qu'il va nous faire du mal, celui dont les copines disent : "Fuis-le, il te suivra". Et qui ne nous suit pas. Et on ne le déteste même pas pour ça.
Dylan, pour toute une génération de filles des années 90, c'est le premier amour fictif. Celui dont on a découpé les photos pour les coller dans notre agenda. Celui qu'on a tendrement placardé sur nos murs avec de la Patafix pour ne pas abîmer la tapisserie de la chambre. Celui qu'on trompera avec Drazic d'Hartley coeurs à vif ou Jordan Catalano d'Angela. Celui dont on ne connaît pas la "vraie voix" parce qu'à l'époque, on ne "binge-watchait" pas. Et encore moins en "VOST".
Luke Perry n'a pas grandi avec nous. Il est resté devant le collège avec sa banane et sa bécane tandis que nous rentrions à la fac, que nous trouvions un job, que nous nous casions. Tout juste avions-nous eu le temps de l'entrapercevoir en papa sexy dans la série Netflix Riverdale. Et on s'était dit : "Tiens, il a bien vieilli".
Dylan ne vieillira pas, figé comme ce poster de OK Podium sur nos murs. Celui que nous avions finalement décollé parce que nous n'étions plus une "gamine". Et c'est un peu de notre adolescence, de nos premiers émois, qui s'évaporent ce lundi 4 mars.