"Il est impossible pour moi, en tant que femme noire qui a été la cible d'un racisme flagrant au cours de ma vie, de ne pas prendre personnellement le meurtre de George Floyd. Être noir·e en Amérique ne devrait pas être une condamnation à mort !". Outre-atlantique, les manifestations massives en réaction à la mort de George Floyd ont suscité une implication aussi citoyenne que salutaire : celle des femmes maires noires, comme le démontrent ces mots poignants de Lori Lightfoot, leadeuse à la tête de Chicago.
Aux côtés de personnalités comme Lori Lightfoot, Keisha Lance Bottoms, maire d'Atlanta, ou encore Lovely Warren, qui dirige Rochester (New York), une figure tout aussi inspirante s'érige désormais au sein du paysage médiatico-politique : Muriel Bowser, la maire de Washington. La politicienne afroaméricaine avoue sans détour ne pas souhaiter se conformer aux mesures répressives du président Donald Trump. Ces derniers jours, elle a salué le caractère "pacifique" des mobilisations anti-racisme, tout en exigeant le retrait immédiat de "toutes" les forces militaires et fédérales déployées en renfort à Washington, comme le souligne ABC.
Lors de ses déclarations publiques, Muriel Bowser a également rappelé l'importance du Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, garantissant aux citoyennes et citoyens américains un droit démocratique à manifester. Mais ce n'est pas la première fois que la maire de Washington affiche - et affirme - ses revendications tout en prenant à parti l'homme le plus puissant du monde.
"Ce que les Américains ont vu, c'est que les forces de police fédérale ont gazé des Américains pacifiques", a encore déploré Bowser du côté de ABC, fustigeant les répressions policières mais aussi les décisions de Donald Trump. En réponse, ce dernier n'a pas hésité à qualifier la maire démocrate de personne "grossièrement incompétente" sur Twitter. Un tact qui lui ressemble bien. Et ce ne sera pas la dernière rixe entre le leader et la politicienne : cette dernière a même commandé une peinture gigantesque "Black Lives Matter" destinée aux rues avoisinant la Maison Blanche.
Une fresque graphique qui ne devrait pas être du goût du milliardaire républicain, pour qui la militance anti-fasciste est un terrorisme. Autre idée plutôt taquine de la maire ? Avoir attribué à une section de la 16e rue de Washington - à quelques enjambées seulement du bureau du président - le nom éloquent de "Black Lives Matter Plaza", en honneur aux manifestants qui ont foulé du pied l'asphalte. Mais par-delà les avenues de sa ville (qu'elle dirige depuis six ans déjà), c'est sur les réseaux sociaux que Muriel Bowser agit.
En taclant "les centaines d'années de racisme institutionnel" qui ont précédé le meurtre de George Floyd, par exemple, cet homme "effrayé et seul". Entre les lignes, Bowser fustige de nouveau la malhonnêteté "d'un président qui continue de chercher à nous diviser", et se permet même un léger hommage au pasteur Martin Luther King. Des propos fédérateurs partagés des dizaines de milliers de fois sur la Toile.
Un discours viral, à l'instar de son mot d'ordre clamé en pleine "Black Lives Matter Plaza" et relayé sur Instagram : "Nous avons déjà parcouru tout un chemin et continuerons de marcher, main dans la main, en élevant nos voix, jusqu'à ce que la justice et la paix prévalent". Justice et paix constituent depuis toujours les convictions de la politicienne : cela fait déjà un bout de temps qu'elle milite en faveur d'un contrôle renforcé des armes à feu.
Mais Muriel Bowser suscite aussi la réticence des militants afro-américains, qui voient en elle une dirigeante opportuniste. Sur Twitter, les porte-paroles de Black Lives Matter l'ont ainsi déclaré : "Bowser a toujours été du mauvais côté de l'histoire du mouvement". Les voix du collectif accusent effectivement la maire de Washington de vouloir simplement "apaiser les libéraux blancs" tout en "ignorant les demandes" des collectifs engagés. Une personnalité emblématique qui ne laisse vraiment personne indifférent, donc.