"Pour vous, c'est un spectacle. Pour moi, c'est ma vie". La note d'intention est claire. Dans son premier one man show, Presque, qui vient tout juste de débarquer sur Netflix, l'humoriste et comédien Panayotis Pascot relate son enfance, son rapport compliqué à l'amour, sa coloc', ses crises existentielles, mais aussi et surtout, la relation pas facile qu'il entretient avec ses parents, et notamment avec son père. Autobiographique et drôle.
Bon, un jeune mec qui raconte sa vie avec un micro face à un public, et c'est tout ? Pas vraiment. Car en se narrant, avec beaucoup de facétie, d'autodérision, et un goût prononcé pour l'absurde, l'ancien chroniqueur du "Petit Journal" propose un humour discrètement féministe. Comme lorsqu'il nous raconte "l'éducation" caricaturale que lui a inculqué son père ("les hommes ne pleurent pas"), la confusion des sentiments qu'éprouvent les nouvelles générations, ou encore le rapport houleux qu'entretiennent les garçons à la vulnérabilité.
En somme, c'est un spectacle rythmé par les vannes, mais qui peut tout aussi bien faire écho aux épisodes du podcast Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon. C'est fin, cocasse, et intelligent.
Tant et si bien d'ailleurs que l'on pourrait qualifier Presque de spectacle générationnel, au sens noble du terme. En se mettant à nu, Panayotis Pascot saisit un je ne sais quoi d'air du temps. Sans se proclamer "nice guy", l'humoriste interroge notre rapport aux stéréotypes de genre, la forme absurde que peut revêtir la virilité (no spoiler : l'anecdote du camping en dit long), la manière dont l'on peut interroger l'amour aujourd'hui.
Le tout, traversé de questionnements familiers : peur des responsabilités d'adulte, rapport aux filles, au couple, à la mort... Oui, ça fait beaucoup. Mais le jeu convaincant du jeune homme, plus acteur qu'humoriste, et la qualité de son écriture, parviennent à faire passer cet ambitieux menu. Entre deux vannes ou instants-émotions, on en vient à se demander si beaucoup de stand upers français peuvent se targuer de proposer cet habile équilibre entre sujets de société dépourvus de ringardise, incarnation de personnages et sens de l'observation.
A rattraper si ce n'est déjà fait, donc.