C’est sous la forme d’une « lettre » aux Français de 36 pages que Nicolas Sarkozy a choisi de présenter son programme aujourd’hui, lors d’une conférence de presse à Paris. Ce document sera distribué à plusieurs millions d’exemplaires par la voie des militants. En couverture, un paraphe manuscrit de Nicolas Sarkozy : « Mes chers compatriotes, il n'est rien de plus beau que l'amour de son pays ». Les 32 propositions chiffrées visent un même but, rappelé par le président candidat dans son discours : « Mon objectif est clair : construire une France assez forte dans les cinq années qui viennent (...), réconcilier la France du oui et la France du non », a-t-il indiqué.
Réduction du déficit
Dénonçant un « festival de dépenses nouvelles » de la part de François Hollande, N. Sarkozy a insisté sur le fait que de son côté, « toutes les propositions s'articulent autour d'un objectif : l'équilibre des finances publiques en 2016 ». En clair : 0% du produit intérieur brut (PIB) en 2016 et même un excédent de 0,5% en 2017. La dette publique française devrait passer de 85,8% en 2011 à 80,2% en 2017.
124 milliards d’efforts
Pour ce faire le candidat concède que l’effort à fournir n’est pas minime : 115 milliards d'euros d'efforts sont nécessaires sur cinq ans, auxquels il ajoute « 9,5 milliards de propositions de campagne », pour un effort total de 124 milliards d'euros. Le candidat a précisé que les trois quarts porteraient sur la réduction des dépenses, et le reste sur les recettes. Au menu : prélèvements obligatoires passant de 43,8% du PIB en 2011 à 45,6% en 2017, réduction des dépenses publiques de 55,9% en 2011 à 51,9% du PIB en 2017. Un chiffrage basé sur une prévision de croissance de 2% « en sortie de crise », que le président sortant estime « raisonnable », et d’ajouter que « toutes les prévisions que nous présentons sont conformes avec les engagements du gouvernement envers l'Europe et nos partenaires ».
Europe
En cas de réélection, N. Sarkozy promet de faire voter la « règle d'or » budgétaire « dès l'été 2012 », d’imposer la réciprocité dans les échanges commerciaux en Europe, et de demander le gel de la contribution de la France au budget européen pour une économie de « 600 millions d'euros par an ». En matière d’investissements, une partie des commandes publiques serait en outre réservée aux PME européennes comme c’est le cas aux Etats-Unis.
Réforme des institutions
Les collectivités territoriales devront également resserrer leur budget au même rythme que l'État en réduisant leurs effectifs et en abaissant leurs dépenses de fonctionnement.
Le nombre de sièges de parlementaires serait réduit de 10% -soit 57 députés en moins-, et une dose de proportionnelle serait injectée lors des élections législatives.
Impôts
Comme annoncé lors de la campagne, N. Sarkozy veut imposer les exilés fiscaux. La nouveauté pourrait aussi concerner les grands groupes qui échappent aujourd'hui au fisc, avec la création d’ « un impôt forfaitaire » sur leurs bénéfices.
Economie
Les entreprises seront par ailleurs encouragées à ne pas délocaliser grâce à une « TVA antidélocalisation », ce qui reviendrait à « 1800 euros de charges en moins sur chaque emploi par an », selon le candidat de droite. Les salariés qui gagnent entre 1000 et 1400 euros par mois verraient leurs salaires nets augmenter de 840 euros par an, grâce à l'intégration de la prime pour l'emploi. Dans le secteur immobilier, le président sortant confirme la hausse de 30% des droits à construire dans les 3 ans et la division par deux des droits de mutation sur les résidences principales.
Chômage et formation
La mesure annoncée pendant la campagne qui doit permettre à chaque chômeur longue durée de bénéficier d’une formation qualifiante est confirmée. Ceux-ci seront obligés « d’accepter l'emploi qui correspond à la formation » qui leur aura été donnée.
Introduction de sept heures d'activité d'intérêt général obligatoire par semaine pour les titulaires du RSA. Pour les jeunes, N. Sarkozy poursuit dans sa croisade pour favoriser l’apprentissage : la dernière année du bac pro et du CAP sera obligatoirement effectuée en alternance dans une entreprise. Pour les séniors, le programme prévoit l’exonération des charges patronales pour l'embauche des plus de 55 ans.
100 000 immigrés par an
Autre objectif confirmé : diviser par deux le nombre d'immigrés accueillis chaque année. Nicolas Sarkozy souhaite « confier le contentieux de l'immigration à la jurisprudence administrative », ce qui exigera une réforme de la Constitution, et pourrait donc faire l'objet d'un référendum. Par ailleurs le regroupement familial sera conditionné à la connaissance du Français.
Santé et société
Le programme exposé prévoit de plafonner l'augmentation des dépenses de l’Assurance maladie à 2,5%, pour réaliser 4 milliards d'euros d’économies sur 5 ans. La réforme sur la dépendance sera remise à l’ordre du jour. Le programme prévoit en outre la création de 750 maisons de santé « pluridisciplinaires » et de 200 000 places de garde pour la petite enfance supplémentaires. Enfin le versement des retraites sera décalé au 1er du mois au lieu du 8, pour faciliter la vie des retraités.
Rendez-vous le 15 avril
Le président sortant convie le « peuple français » et la « majorité silencieuse » à « prendre la parole » lors d’un rassemblement place de la Concorde à Paris.» Le même jour, soit une semaine pile avant le premier tour, François Hollande sera en meeting au château de Vincennes.
Crédit photo : AFP
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