Coup d'essai, coup de maître. La Strasbourgeoise Rachel Lang a signé cette année un premier long-métrage salué par la critique, Baden Baden. Dans ce beau portrait de femme, à la fois moderne, drôle, sensuel et touchant, elle suit le parcours initiatique de la jeune Ana, qui va tenter de reprendre sa vie en main le temps d'un drôle d'été en Alsace. Rachel Lang présentera ce film au Festival de cinéma européen des Arcs dans le cadre du cycle Nouvelles femmes de cinéma. Nous avons interrogé cette jeune cinéaste très prometteuse sur sa place de femme dans le milieu encore très masculin de la réalisation et sur ses inspirations.
Les même obstacles que ceux que doivent affronter les auteurs en général, même si c'est vrai qu'ici en Europe et en France particulièrement, il fait bon faire du cinéma d'une manière générale mais aussi en tant que femme. Aux Etats-Unis, seulement 4% des réalisateurs sont des réalisatrices, 25% en France.
Non. Peut-être que les personnes avec lesquelles je travaille sont exceptionnelles ?
Comme tout individu, quel que soit son sexe, a une vision du monde, une approche, un point de vue car il vient de tel endroit ou de tel autre, a vécu telle ou telle expérience... oui. Je crois que les hommes et les femmes sont- ou devraient avoir pour ambition d'être- des individus singuliers avant d'être des représentants d'un genre. Les cases m'agacent. Le sexe n'est pas un "critère".
J'ai pas vraiment d'icône en général, alors féministe... Simone Weil est quelqu'un d'important, les 343 (343 Françaises qui ont signé en 1971 le manifeste "Je me suis fait avorter"- Ndlr), Marguerite Duras... Toutes ces femmes en général qui se sont battues pour nous permettre d'avoir accès aux mêmes droits que l'on soit né femme ou homme.
Je n'aime pas l'idée qu'un film soit d'abord militant, à thèse, à discours. Est-ce que la question c'est : un film qui fait un portrait de femme complexe et non celui d'une pin-up écervelée au service des désirs de la gente masculine ? Pour moi, le cinéma est un large espace de vie parallèle, de réflexion poétique, de prises de risque et d'apprentissage, avec toujours cette distance du spectateur à l'écran, qui permet l'analyse et le travail d'enjeux intimes, politiques et existentiels. Il y a des personnages, qu'ils soient homme ou femme, qui permettent d'accéder à cela.
Plein ! Je n'aurais pas assez de temps pour toutes les faire tourner. Kristen Stewart, Adèle Haenel, Jeanne Balibar, Robin Wright Penn...
Fantômette et Claude du Club des 5, mes deux grands-mères, ma mère et ma soeur... Ça fait déjà six, mais la liste pourrait être plus longue encore.
Melania Trump évidemment ! Plus sérieusement Angela Merkel, non parce que justement c'est une femme mais parce qu'elle est la seule dirigeante européenne à avoir fait le choix de l'accueil face à ces millions de personnes qui fuient la guerre et la répression à travers le monde.
Cycle "Nouvelles femmes de cinéma" au Festival de cinéma européen des Arcs, du 10 au 17 décembre 2016