Valérie Bauhain n'a pour l'instant publié que six épisodes et déjà, son concept attire l'oeil. Ou plutôt, l'oreille. Parce que Ciao Paris tombe à pic, en plein dans un contexte sanitaire qui en incite plus d'un·e à dire adieu à la capitale. Aussi, car les profils mis en avant par la journaliste donnent envie aux indécis·e·s d'enfin faire leurs valises. C'est mon cas. Certains émeuvent, d'autres motivent, d'autres encore, nourrissent notre réflexion. Toutes et tous inspirent à rechercher un peu de "douceur" ailleurs, en dehors d'un quotidien citadin et d'une "rudesse relationnelle" parfois oppressants.
Ces mots sont ceux de Cécile, qui a choisi de partir pour Tours, et le raconte dans le deuxième épisode. "Il faut que je me barre", se rappelle-t-elle avoir pensé, les attentats du Bataclan finissant d'acter sa décision. Aujourd'hui, ce besoin semble légion.
On demande à l'instigatrice : selon elle, le confinement a-t-il précipité les départs ? "Le confinement a été un catalyseur", nuance-t-elle, précisant que pour ses intervenant·e·s, l'envie de quitter Paris était déjà là bien avant. Elle reconnaît cependant qu'être "enfermé·e·s dans de petits espaces, la plupart du temps sans accès à l'extérieur, et la possibilité d'un reconfinement ont poussé certains Parisien·ne·s à l'action." Et nous confie que les prochains entretiens seront justement dédiés aux nouveaux·elles converti·e·s, celles et ceux qui se sont laissé·e·s convaincre par la quarantaine.
Au fil des discussions, Valérie Bauhain rentre dans l'intime. Les émotions multiples qui entourent ces changements de vie radicaux, la peur et la tristesse des proches, les doutes, et finalement, le bonheur. Tout quitter par amour, comme Matthieu, qui va traverser la Manche avec sa compagne anglaise venue à Paris pour lui, parce qu'il réalise après plusieurs années de France qu'elle est plus heureuse en Angleterre.
Pendant une trentaine de minutes, un vendredi sur deux, on écoute avec attention ces récits touchants d'un moment charnière. Et on prend note.
On a échangé avec la créatrice pour en savoir davantage sur la naissance du projet, et celles et ceux pour qui elle l'a mené à bout.
Valérie Bauhain : J'ai commencé à travailler sur la création de Ciao Paris en octobre 2019 suite à l'abandon de plusieurs projets de départ. Avec mon mari (et nos enfants aussi !), nous avons très envie de vivre au contact de la nature. Pour sortir de l'impasse, j'ai commencé à téléphoné à des amis et des amis d'amis ex-Parisien.ne.s afin de savoir comment ils avaient construit leur propre projet.
Ces récits m'ont tous bouleversés car j'ai réalisé que le ras-le-bol de Paris était quasi anecdotique : le plus important était le besoin de se réinventer, de créer une nouvelle vie en accord avec la façon dont chacun avait évolué. Ces témoignages m'ont beaucoup aidé à comprendre que fuir mon quotidien parisien saturé de monde, de bruit et de béton n'était pas la solution. J'ai eu envie de les partager pour inspirer tous·tes les urbain·e·s qui, comme moi, aspirent à autre chose. Qu'ils vivent à Paris ou ailleurs.
Au départ, je devais lancer le podcast fin mars et puis, comme beaucoup de parents, je suis devenue institutrice pour mes deux enfants... j'ai donc dû décaler le lancement à fin juin le temps de tout caler.
A qui s'adresse ce podcast ? A celles·ceux qui ont besoin d'un coup de pouce pour partir, aux curieux·se·s, aux Parisien·ne·s pour qu'ils·elles envisagent le confort de la campagne ?
V. B. : Au départ, l'idée était vraiment d'inspirer les Parisien·ne·s qui comme moi, cherchent un ailleurs où il fera bon vivre... Et puis, assez rapidement, j'ai eu la bonne surprise de découvrir que beaucoup d'ex-Parisien·ne·s font partie des fidèles auditeurs de Ciao Paris, tout comme d'autres habitant·e·s de grandes villes françaises et même des expat' à qui ces tranches de vie font écho.
Comme le dit Fabienne Kraemer dans l'épisode 5, il y a un réel besoin de couper le cordon avec la ville nourricière, de renouer avec "le Faire". Et également un instinct assez primaire, renforcé par la pandémie de COVID-19 : l'instinct de survie ! De manière récurrente, le besoin de savoir cultiver sa propre nourriture, d'être en capacité de s'abriter dans un lieu sécurisant est évoqué par les invité·e·s de Ciao Paris...
En faisant des recherches, j'ai réalisé que ce mouvement d'exode urbain est national (les Parisien·ne·s remplissent les grandes villes françaises, pendant que les Lyonnais·e·s, Rennais·e·s, Toulousain·e·s etc, font revivre les villes moyennes alentours) ET il est aussi mondial ! Londres, New-York et même Sidney vivent ce phénomène.
V. B. : Des messages qui me touchent au coeur car ce sont des encouragements et des remerciements. Des partages d'expériences de Parisien·ne·s qui rêvent de partir, de citadin·e·s (Parisien·ne·s et autres) qui se retrouvent dans les témoignages... Et aussi beaucoup d'autres qui s'interrogent sur leur mode de vie.
Comme Anne, une auditrice fidèle, qui m'a écrit. "Merci à Julia (invitée du premier épisode, ndlr), je réalise avec ses mots, combien je suis déjà au vert mais que je n'en profite pas toujours assez. Je cherche à remplir mon agenda, à amener de l'action... trop... par peur... de quoi ? je cherche encore... Je finis le podcast regonflée d'énergies et de bonheur : celui de Julia (et le tien que l'on sent) est très communicatif."
Ciao Paris, créé et animé par Valérie Bauhain, un vendredi sur deux.
Disponible sur toutes les plateformes d'écoute