Petra De Sutter, 57 ans, est une gynécologue belge néerlandophone de renommée internationale, reconnue notamment pour son expertise sur la fertilité. Engagée en politique pour être conseillère municipale, elle est cooptée sénatrice en 2014 avec le parti écologiste local Groen. Dans la même année, elle fait son coming-out (elle a entamé sa transition au début des années 2000), devenant la première femme transgenre à siéger au Sénat belge. En 2019, elle accède au Parlement européen comme eurodéputée (Groupe des Verts), continuant, en parallèle, à exercer en tant que professeure de gynécologie, et à diriger le département de médecine reproductive à l'hôpital universitaire de Gand.
Ce jeudi 1er octobre, c'est la consécration : elle est nommée vice-Première ministre de Belgique et ministre fédérale de la Fonction publique et des Entreprises publiques. Après avoir prêté serment devant le roi Philippe, la nouvelle membre du gouvernement a exprimé sa gratitude sur Twitter. "Je suis incroyablement reconnaissante de la confiance que j'ai reçue de mon parti. La nuit dernière j'ai reçu le feu vert pour participer à un nouveau gouvernement. Maintenant, je vais faire tout mon possible pour relancer notre pays et travailler à un nouveau futur pour tous les Belges avec ce gouvernement".
Dimanche 4 octobre, elle a également fait part de l'importance de sa désignation sur le réseau social, qui fait d'elle la première ministre transgenre en Europe. "Je suis fière qu'en Belgique et dans la majeure partie de l'Union européenne votre identité de genre ne vous définisse pas en tant que personne et soit un non-problème. J'espère que mon engagement en tant que ministre et vice-Première ministre pourra déclencher un débat dans les pays où ce n'est pas encore le cas".
Invitée le même jour sur le plateau de l'émission locale C'est pas tous les jours dimanche, elle a toutefois formulé un souhait clair : "Je veux être jugée sur ce que je vais faire et ce que je dis." Et de développer : "D'un côté, je ne veux pas être jugée sur cet aspect-là (son changement de genre, ndlr) qui fait partie de mon histoire personnelle et de mon identité. C'est très réducteur. Je veux être jugée sur ce que je vais faire et ce que je dis. Sur ça, on peut discuter. D'un autre côté, je vois que beaucoup de gens me voient comme un exemple dans le combat anti-discriminatoire. Je veux bien jouer ce rôle car il peut aider les gens dans le combat contre la discrimination".
Car elle le rappelle : "Malheureusement dans beaucoup de pays dans le monde, il y a beaucoup de discrimination, d'homophobie et de transphobie. Le débat se passe dans ces pays-là pour l'instant".
De ses futures actions, elle en a évoquées quelques-unes. Notamment "la modernisation du gouvernement et à sa transition vers le digital", et la promesse de "changer le cap pour ce pays". "J'aime l'idée d'une Belgique qui travaille de façon efficace. Il y aura une réforme d'Etat".
Autour d'elle, une parité stricte d'hommes et de femmes. Une inclusion et une diversité qui, en France, donnent clairement l'exemple. Rappelons que, de ce côté de la frontière, il a fallu attendre mai 2020 pour qu'une femme politique transgenre, Marie Cau, soit élue maire.