Culture
Phoebe Greenberg, l'entrepreneure culturelle qui secoue la culture montréalaise
Publié le 17 février 2020 à 12:20
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Phoebe Greenberg occupe une place unique sur la scène culturelle québécoise. La puissante entrepreneure culturelle a choisi Montréal pour créer son Centre Phi, un pôle pluridisciplinaire passionnant où s'entremêlent art, cinéma, musique, design et technologie.
Portrait de Phoebe Greenberg Portrait de Phoebe Greenberg© Richard Bernardin
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Phoebe Greenberg a eu mille et une vies. Jusqu'à devenir l'une des personnalités les plus puissantes de la vie culturelle québécoise. Après des études d'arts et une carrière de productrice, la mécène de la très influente (et fortunée) famille Greenberg a créé la Fondation Phi en 2007 et le Centre Phi en 2012, l'un des épicentres de la création québécoise. Niché au coeur du Vieux-Montréal, dans un beau bâtiment de briques rouges éco-friendly, cette institution pluridisciplinaire a pour vocation d'accueillir des expositions, des concerts d'artistes internationaux et des événements. Un lieu vibrant, pointu et éclectique qui participe à faire battre le coeur de la bouillonnante Montréal. Nous avons interrogé l'impressionnante Phoebe Greenberg sur son parcours hors-normes et sur ce centre hautement inspirant.

D'où vous vient cette passion pour l'art contemporain ?

Phoebe Greenberg : Jeune étudiante, à l'École Jacques Lecoq à Paris, je fréquentais souvent les musées et galeries. Même si mes ambitions professionnelles sont restées dans le théâtre pendant vingt ans, une idée de fondation a commencé à prendre forme. Je me suis sentie profondément privilégiée d'avoir accès à l'art dans le cadre de ma vie quotidienne. Le fait de m'immerger dans le paysage culturel de villes européennes a attisé ma curiosité pour différentes formes d'expressions et disciplines. L'art contemporain m'a menée à examiner les idées à travers le travail des artistes et de leur vision.

Votre mère était avocate féministe. Cette éducation a-t-elle joué un rôle important dans votre parcours?

P.G. : Le dévouement de ma mère à la cause féministe et son désir d'améliorer le statut des femmes m'ont été transmis en tant que privilège: celui de ne jamais douter de mon pouvoir. Je suis profondément consciente de sa contribution et du fait que cet enjeu est un combat continuel.

Vous étiez comédienne et productrice. Quel a été le déclic pour créer la Fondation Phi ?

P.G. : Je suis très intéressée par la médiation de l'art et de sa consommation à travers de multiples canaux incluant la pensée académique, la curation mais aussi l'accessibilité. Je n'ai pas de collection permanente à la Fondation. Je décide plutôt de présenter deux ou trois artistes majeurs par année que je crois pertinents et inspirants pour notre public. Depuis 2007, la Fondation Phi pour l'art contemporain continue d'être une voix importante dans le monde de l'art contemporain, engendrant une conversation et une réflexion, attirant certains des créateurs les plus importants de notre époque.

L'exposition HUM(AI)N, oeuvres de réalité virtuelle et d'intelligence artificielle au Centre Phi en août 2019
© C.R.
Vous n'êtes pas originaire de Montréal mais d'Ottawa. En quoi Montréal vous est apparue comme la ville idéale pour développer vos projets culturels ?


P.G. : J'ai grandi dans une famille dédiée à contribuer au monde, mes deux parents ayant l'ambition de faire de celui-ci un endroit meilleur. Ayant été inculqués dès mon plus jeune âge, ces nobles objectifs m'ont amenée à rechercher des penseurs ayant les mêmes idées. J'ai beaucoup voyagé et je continue de le faire aujourd'hui, mais Montréal a un esprit entrepreneurial, c'est une ville jeune et vibrante. À mon retour au Canada de la France, elle me semblait comme la ville la plus séduisante.


Après la Fondation Phi, vous avez mis en place ce fantastique Centre Phi. Quel en était l'objectif ?

P.G. : En examinant le paysage de l'art contemporain, je me questionne sur comment cette génération et la prochaine utiliseront la technologie pour consommer l'art. Le média contemporain et les idées ont commencé à influencer l'espace pour engager les idées.

Avec le Centre Phi, nous jouons à l'intersection de l'art et de la technologie. La fluidité du contenu, de la création jusqu'à sa consommation et les artistes oeuvrant dans une variété de disciplines avec différents outils suggèrent maintenant un autre type de canevas. Phi est une opportunité de rester sensible à une nouvelle génération d'idées.

Comment décidez-vous de la programmation ? Quel est votre rôle en tant que directrice artistique et créative?


P.G. : Mon intuition a toujours pris beaucoup de place dans ma vie créative, mais principalement, j'aspire à avoir un environnement dans lequel une multitude d'idées peuvent prendre forme avec l'équipe de Phi. Notre écosystème interne est composé de talents distincts aux points de vue variés. Cet aspect se reflète au sein de notre programmation.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de performances ou d'artistes "typiques" qui ont été présentés au Centre Phi, celles et ceux dont vous êtes la plus fière ?

P.G. : Mos Def, Marshmallow Laser Fiest, Punchdrunk, Laurie Anderson, David Blaine, Nick Cave, Allie X, Red Bull Music Academy, Michel Gondry.


Vous avez eu la chance de voir Madonna débarquer à l'improviste au Centre...

P.G. : Oui, c'était son après-spectacle, en présence de Win Butler et Régine Chassage d'Arcade Fire et Diplo. Ce fut une expérience incroyable d'avoir ces artistes à proximité lors de ce concert improvisé et surtout, de ressentir cette joie qu'ils ont de faire de la musique.

Le toit végétalisé du Centre Phi à Montréal © C.R.
Comment définiriez-vous la scène culturelle québécoise actuelle ?

P.G. : Curieuse, jeune, énergique, "techie" et qui regorge d'entrepreneurs culturels.

Avez-vous des adresses fétiches à Montréal à partager ?

P.G. : Le café Un Po di Piu, le restaurant Barrocco, le Centre d'architecture canadien (CCA), le Quai du Vieux-Port, le restaurant L'Express, le lieu d'exposition d'art La Fonderie Darling et le centre de création et de diffusion national et international, L'Usine C. Des endroits qui repoussent les frontières de la culture, du monde culinaire et des idées en général.

Infos pratiques :
  • Le site du Centre Phi

  • Pour aller au Québec : la compagnie LEVEL propose des vols entre Paris Orly et Montréal, avec 3 vols par semaine de mai à septembre, puis 4 vols par semaine de septembre à début novembre. Billets à partir de 120€ l'aller simple.

  • Pour en savoir plus sur la ville de Montréal

  • Pour en savoir plus sur le Québec

Cet entretien a été réalisé dans le cadre d'un voyage financé par QuébecOriginal.

Mots clés
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