Phoebe Greenberg a eu mille et une vies. Jusqu'à devenir l'une des personnalités les plus puissantes de la vie culturelle québécoise. Après des études d'arts et une carrière de productrice, la mécène de la très influente (et fortunée) famille Greenberg a créé la Fondation Phi en 2007 et le Centre Phi en 2012, l'un des épicentres de la création québécoise. Niché au coeur du Vieux-Montréal, dans un beau bâtiment de briques rouges éco-friendly, cette institution pluridisciplinaire a pour vocation d'accueillir des expositions, des concerts d'artistes internationaux et des événements. Un lieu vibrant, pointu et éclectique qui participe à faire battre le coeur de la bouillonnante Montréal. Nous avons interrogé l'impressionnante Phoebe Greenberg sur son parcours hors-normes et sur ce centre hautement inspirant.
Phoebe Greenberg : Jeune étudiante, à l'École Jacques Lecoq à Paris, je fréquentais souvent les musées et galeries. Même si mes ambitions professionnelles sont restées dans le théâtre pendant vingt ans, une idée de fondation a commencé à prendre forme. Je me suis sentie profondément privilégiée d'avoir accès à l'art dans le cadre de ma vie quotidienne. Le fait de m'immerger dans le paysage culturel de villes européennes a attisé ma curiosité pour différentes formes d'expressions et disciplines. L'art contemporain m'a menée à examiner les idées à travers le travail des artistes et de leur vision.
P.G. : Le dévouement de ma mère à la cause féministe et son désir d'améliorer le statut des femmes m'ont été transmis en tant que privilège: celui de ne jamais douter de mon pouvoir. Je suis profondément consciente de sa contribution et du fait que cet enjeu est un combat continuel.
P.G. : Je suis très intéressée par la médiation de l'art et de sa consommation à travers de multiples canaux incluant la pensée académique, la curation mais aussi l'accessibilité. Je n'ai pas de collection permanente à la Fondation. Je décide plutôt de présenter deux ou trois artistes majeurs par année que je crois pertinents et inspirants pour notre public. Depuis 2007, la Fondation Phi pour l'art contemporain continue d'être une voix importante dans le monde de l'art contemporain, engendrant une conversation et une réflexion, attirant certains des créateurs les plus importants de notre époque.
P.G. : J'ai grandi dans une famille dédiée à contribuer au monde, mes deux parents ayant l'ambition de faire de celui-ci un endroit meilleur. Ayant été inculqués dès mon plus jeune âge, ces nobles objectifs m'ont amenée à rechercher des penseurs ayant les mêmes idées. J'ai beaucoup voyagé et je continue de le faire aujourd'hui, mais Montréal a un esprit entrepreneurial, c'est une ville jeune et vibrante. À mon retour au Canada de la France, elle me semblait comme la ville la plus séduisante.
P.G. : En examinant le paysage de l'art contemporain, je me questionne sur comment cette génération et la prochaine utiliseront la technologie pour consommer l'art. Le média contemporain et les idées ont commencé à influencer l'espace pour engager les idées.
Avec le Centre Phi, nous jouons à l'intersection de l'art et de la technologie. La fluidité du contenu, de la création jusqu'à sa consommation et les artistes oeuvrant dans une variété de disciplines avec différents outils suggèrent maintenant un autre type de canevas. Phi est une opportunité de rester sensible à une nouvelle génération d'idées.
P.G. : Mon intuition a toujours pris beaucoup de place dans ma vie créative, mais principalement, j'aspire à avoir un environnement dans lequel une multitude d'idées peuvent prendre forme avec l'équipe de Phi. Notre écosystème interne est composé de talents distincts aux points de vue variés. Cet aspect se reflète au sein de notre programmation.
P.G. : Mos Def, Marshmallow Laser Fiest, Punchdrunk, Laurie Anderson, David Blaine, Nick Cave, Allie X, Red Bull Music Academy, Michel Gondry.
Vous avez eu la chance de voir Madonna débarquer à l'improviste au Centre...
P.G. : Oui, c'était son après-spectacle, en présence de Win Butler et Régine Chassage d'Arcade Fire et Diplo. Ce fut une expérience incroyable d'avoir ces artistes à proximité lors de ce concert improvisé et surtout, de ressentir cette joie qu'ils ont de faire de la musique.
P.G. : Curieuse, jeune, énergique, "techie" et qui regorge d'entrepreneurs culturels.
P.G. : Le café Un Po di Piu, le restaurant Barrocco, le Centre d'architecture canadien (CCA), le Quai du Vieux-Port, le restaurant L'Express, le lieu d'exposition d'art La Fonderie Darling et le centre de création et de diffusion national et international, L'Usine C. Des endroits qui repoussent les frontières de la culture, du monde culinaire et des idées en général.
- Le site du Centre Phi
- Pour aller au Québec : la compagnie LEVEL propose des vols entre Paris Orly et Montréal, avec 3 vols par semaine de mai à septembre, puis 4 vols par semaine de septembre à début novembre. Billets à partir de 120€ l'aller simple.
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Cet entretien a été réalisé dans le cadre d'un voyage financé par QuébecOriginal.