Il a toujours cru en lui-même. Depuis longtemps, François Bayrou répète à son entourage que son destin se mêle à celui de la France. Il en est convaincu : le pays ne peut se passer d’un homme d’État de sa trempe. De ce point de vue, les résultats du premier tour n’ont pas été seulement décevants pour le président du MoDem, ils ont été et resteront un traumatisme. Dimanche 22 avril 2012 à 20 heures, François Bayrou s’est brutalement rendu compte que son destin ne rejoindra sans doute jamais celui de la France. Le Messie n’était donc pas attendu. Coup de tonnerre pour le béarnais qui doit définitivement ranger ses habits de sauveur au placard.
C’est à partir de ce moment qu’il commence à mûrir la décision de sa consigne de vote. Il sait qu’il ne formulera pas de vœu général pour les quelque 3 millions d’électeurs qui l’ont soutenu mais se concentre sur son choix personnel. Autour de lui, ses proches lieutenants ont déjà tranché. Pour beaucoup, ce sera François Hollande. Nicolas Sarkozy pour un petit nombre. Une fois de plus, François Bayrou se retrouve seul. Sa décision n’engage que lui. En quelques minutes lors d’une brève conférence de presse, il lâche du bout des lèvres : « Je ne veux pas voter blanc, l’indécision est impossible. Reste le vote pour François Hollande, c’est le choix que je fais ». La rupture avec le centrisme est certes historique mais la surprise est-elle vraiment de taille ?
Depuis cinq ans, François Bayrou n’a eu de cesse de critiquer, de dénoncer l’action de Nicolas Sarkozy. Il est en quelque sorte son meilleur ennemi. François Bayrou existe lorsque Nicolas Sarkozy transgresse. Si son livre « Abus de pouvoir » paru au printemps 2009 a tant fait parler de lui c’est d’abord parce qu’il s’est attribué son plus beau rôle : le procureur le plus sévère pour le président de la République. Mais cette période est révolue. Obligé de choisir, le centriste a fait pencher la balance à gauche. Trahison crie-t-on à droite pour mieux souligner un choix conforme aux tendances sondagières. Pas si sûr en réalité. En optant pour François Hollande, François Bayrou s’est probablement fait hara-kiri. Comme un acteur vieillissant, il choisit un dernier rôle de figurant conforme à ses convictions plus qu’à ses intérêts.
Crédit photo : AFP
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