"Il est triste qu'il y ait si peu de femmes lauréates d'un Nobel. Et cela reflète les conditions injustes de la société, particulièrement dans le passé, mais encore aujourd'hui. Il reste tant à faire". Ces mots sont ceux de Göran Hansson, secrétaire général de l'Académie suédoise des Sciences, interviewé par l'AFP.
En 2021, les femmes scientifiques sont toujours aussi snobées par le Prix Nobel. Benjamin List et David MacMillan couronnés prix Nobel de chimie, Syukuro Manabe, Klaus Hasselmann et Giorgio Parisi prix Nobel de physique... Inutile de vous faire un dessin. A partir de cet état des lieux, nombreuses sont les voix à réclamer une meilleure égalité des représentations, importante au sein d'un événement si prestigieux.
A l'Académie cependant, l'idée de "quotas" abouti à un grand "non".
Göran Hansson, secrétaire général de l'Académie suédoise des Sciences, a ainsi déclaré à l'AFP : "Nous avons décidé que nous ne ferions pas de quotas de genre ou d'ethnicité. Nous voulons que chaque lauréat soit reçu pour avoir réalisé la découverte la plus importante, et pas pour le genre ou l'ethnicité, et c'est conforme avec l'esprit du dernier testament d'Alfred Nobel. Si quelqu'un nous proposait par exemple de ne donner des prix, une année, qu'à des femmes, nous craignons qu'il soit supposé qu'elles l'aient eu parce qu'elles était des femmes, et non parce qu'elles étaient les meilleures".
Selon le secrétaire, ces récompenses seraient finalement représentatives de la réalité d'une société où les femmes seraient sous-représentées dans certains domaines, soulignant que "seulement 10% environ des professeurs de sciences naturelles en Europe de l'Ouest et en Amérique du nord sont des femmes, et encore moins en Asie". Et d'ajouter "qu'il faut du temps pour évaluer les nominations qui sont faites et évaluer un prix Nobel. Donc on peut dire qu'il reflète la situation il y a une ou deux décennies, quand les découvertes ont été faites."
Pourtant, il semblerait qu'il existe un véritable biais : sur les trois domaines physique, chimie et médecine, 609 hommes ont été récompensés contre 23 femmes depuis la création du Nobel en 1901. Il existe actuellement 30 % de femmes scientifiques dans le monde selon l'UNESCO. Nous sommes bien loin des 3 à 5 % de femmes ayant reçu un prix Nobel, comme le souligne Numérama.
L'édition 2020 du Nobel de sciences semblait avoir opéré un virage féministe en récompensant la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna pour le prix Nobel de chimie, mais également l'astronome américaine Andrea M. Ghez, prix Nobel de physique. Mais ce recul de 2021 décourage.
La solution proposée par le secrétaire général de l'Académie suédoise des Sciences en vue d'une évolution plus paritaire ? "Nous allons continuer à encourager ceux qui peuvent proposer des nominations à avoir une large perspective en matière de genre ou d'ethnicité. Nous allons faire en sorte qu'une part croissante de femmes scientifiques soient invitées à proposer des candidats. Et nous allons continuer à nous assurer d'avoir des femmes dans nos comités. Mais nous avons besoin d'aide, et la société a besoin d'aide."