« Une chape de plomb pèse encore sur notre société » : Najat Vallaud-Belkacem a été la première à réagir à l’affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois. Sur les 14 jeunes hommes accusés par Nina et Stéphanie de les avoir violées collectivement pendant plusieurs années, seuls 4 ont été condamnés à des peines de trois ans avec sursis à un an ferme lors du procès achevé mercredi. Un verdict qui a médusé l’opinion publique et fait réagir la classe politique, qui respecte d’ordinaire le principe quasiment sacré de ne pas s’insinuer dans les affaires de justice.
Après la ministre des Droits des femmes qui a exprimé sa « solidarité » avec les deux victimes, la Garde des Sceaux Christiane Taubira a estimé sur Europe 1 que le parquet avait « matière à faire appel » de la décision rendue, arguant qu’« il faut créer les conditions pour que les culpabilités puissent être identifiées ». Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, a emboîté le pas à sa consœur en indiquant que « cette affaire ne va pas encourager les victimes à se déclarer ». Pour éviter un nouveau fiasco, l’AVFT, l’Association contre les violences faites aux femmes, a de nouveau martelé sa proposition de créer des cours d’assises spéciales pour les affaires de viol : « Comme pour les affaires de terrorisme, il faudrait des magistrats spécialisés. Les jurés populaires manquent de formation pour apprécier des faits qui se résument souvent à la parole des accusés contre celle des victimes. »
Dès l’énoncé du jugement, les associations féministes sont montées au créneau, et en particulier Osez le féminisme ! : « Ce verdict envoie un message catastrophique à l’ensemble de notre société. Aux victimes de viol : porter plainte ne sert à rien ! Aux violeurs : il est permis de violer ! ». Les membres du collectif en appellent même au Président de la République, François Hollande, l’enjoignant « à ouvrir dans les mois qui viennent un grand débat national contre les violences faites aux femmes ». Le Collectif national pour les Droits des Femmes a aussi affirmé que « ce verdict atterrant témoigne de l’incapacité de la justice française à prendre en compte les récits des victimes de viols ». Des victimes qui mettent souvent longtemps à se déclarer et sortent traumatisées : « Oui les viols brisent les femmes. Oui les viols provoquent des traumatismes durables si rien n’est fait. Oui ils provoquent des tentatives de suicide. Oui la parole des victimes est tronquée, parfois incohérente, hésitante, apeurée ».
Crédit photo : AFP
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Najat Vallaud-Belkacem incarne le changement pour 1 Français sur 5