De mémoire de féministes, des manifestations ou des marches réunissant autant de monde dans la rue pour les droits des femmes ou pour lutter contre les violences faites aux femmes, il n'y en avait pas eu beaucoup.
La marée violette qui a envahi Paris et une cinquantaine de villes en France samedi 24 novembre a réuni 50 000 personnes partout en France, dont 30 000 à Paris selon les organisatrices et 12 000 selon la préfecture de police. Selon les chiffres de la même préfecture de police, les gilets jaunes n'étaient, eux, que 8 000 à battre le pavé parisien.
Pourtant, en Une des principaux sites d'info dont la journaliste et militante Alice Coffin a fait le tour, sur les dix principaux sites, tous mettent en avant les gilets jaunes et pas la marche Nous Toutes qui a réunit pourtant plus de monde. Seul un site, celui du Monde, mettait la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en avant.
Il en fut de même pour les journaux télévisés le soir-même : il aura par exemple fallu attendre le 7e sujet de Laurent Delahousse pour parler de la marche de Nous Toutes, à la 22e minutes seulement. Le sujet était un simple agrégat de témoignages de manifestantes. Sans analyse, ni reprise de chiffres. S'en est suivi un sujet sur les agressions dans le métro.
Dans le journal du soir de France 3, la journaliste Catherine Matausch a choisi de parler de la marche Nous Toutes à la 15e minute seulement. Dans son lancement, elle a cependant précisé que les marcheuses et les marcheurs avaient été plus nombreux·ses que les gilets jaunes.
Sur TF1, dans le journal d'Anne-Claire Coudray, il aura fallu attendre la .... 23e minutes (pour un sujet de deux minutes seulement).
Les craintes des féministes qui avait peur que l'appel à se rendre à Paris des gilets jaunes éclipse la manifestation Nous Toutes prévue de longue date se sont réalisées. Ainsi, la lutte contre les violences faites aux femmes, qui ont tué 109 femmes en 2017, a encore été invisibilisée.
A 20 minutes, Alice Coffin explique : "En début de cortège, une amie m'a dit en plaisantant que pour faire la Une des JT, il aurait fallu que toutes les femmes défilent seins nus. Je vais peut-être être manichéenne, mais tout ce qui est du 'camp du bien', ce n'est pas médiatique, ça ne vend pas. Il faut réfléchir à quelles images renvoyer pour être médiatisés."
Faudra-t-il réfléchir à faire défiler un clitoris géant sur un char pour le prochain rassemblement ? L'art du happening pour faire parler de sa cause. Malheureusement.