Lundi 29 mars, une femme asio-américaine de 65 ans a été violemment poussée à terre puis assénée de coups au visage alors qu'elle se rendait à l'église, au niveau de la 43e rue, dans le quartier de Manhattan, à New York. Avant de la passer à tabac, l'agresseur lui aurait crié : "Va te faire foutre, ta place n'est pas ici", d'après la police. Elle a pu sortir de l'hôpital ce mardi 30 mars.
Une attaque raciste filmée par les caméras de surveillance de la rue et de l'immeuble devant lequel a eu lieu l'altercation, qui suscite une vive indignation de la part du public, notamment sur les réseaux sociaux via le hashtag #StopAsianHate, mais aussi au sein des sphères politiques.
Au-delà de la scène en elle-même, c'est la façon dont les témoins ont réagi qui révolte. Ou en l'occurrence, leur absence de réaction. Présentes dans le hall du building, on voit ainsi clairement deux personnes (dont le gardien) ne pas intervenir, puis refermer la porte sur la victime. "Nous sommes passés du statut d'invisibles à celui de sous-humains", a lancé la représentante Grace Meng, élue démocrate de l'Etat de New York, écoeurée par l'indifférence crasse dont elles semblent faire preuve. "Nous voulons juste être considérés comme des Américains comme les autres."
Lors d'une conférence tenue mardi 30 mars, le maire Bill de Blasio a ainsi qualifié la vidéo d'"absolument dégoûtante et scandaleuse" et a exhorté les New-Yorkais·e·s à jouer un rôle plus actif dans la lutte contre la haine anti-asiatique. "Si vous voyez quelqu'un se faire attaquer, faites tout ce que vous pouvez. Faites du bruit. Dénoncez ce qui se passe. Allez-y et essayez d'aider. Appelez immédiatement à l'aide. Appelez les secours. Nous devons tous faire partie de la solution. Nous ne pouvons pas rester en arrière et regarder un acte odieux se produire."
L'entreprise qui gère le bâtiment, The Brodsky Organization, a depuis annoncé avoir suspendu le gardien temporairement, dans l'attente de plus amples investigations, et assuré "condamner toute forme de discrimination, de racisme et de xénophobie". Dans le même temps, le syndicat a déclaré que les deux hommes présents "ont immédiatement appelé à l'aide", et demandé "instamment au public d'éviter de porter un jugement hâtif pendant que les faits sont établis".
L'agresseur présumé, lui, a été arrêté ce mercredi 31 mars. D'après un porte-parole de la police new-yorkaise, l'homme du nom de Brandon Elliot serait sorti de prison en 2019 après avoir été condamné en 2002 du meurtre de sa propre mère.
Confiée à l'unité des crimes haineux de la police de New York, l'affaire s'ajoute à de nombreux cas similaires. La NYPD a ainsi constaté une hausse de 1 300 % des crimes racistes contre les Asio-américain·e·s depuis mars 2020. Entre début janvier et dimanche 28 mars, 33 de ces violences ont été enregistrées, contre 11 sur la même période l'année dernière.
Parmi elles, les cas d'un homme de 68 ans battu dans un métro, d'une femme de 37 ans agressée alors qu'elle se rendait à une manifestation contre la violence envers les Asiatiques et d'une femme de 54 ans, frappée au visage avec un tuyau métallique, énumère le média américain NPR. Ou encore, à Atlanta cette fois, six femmes tuées dans trois salons de massage par un homme blanc de 21 ans, le 16 mars dernier.
L'organisation Stop AAPI (Asian American Pacific Islander) Hate affirme de son côté qu'entre mars 2020 et février 2021, elle a reçu 3 795 rapports d'incidents de haine anti-asiatiques dans le pays. Seulement une fraction de ce qui se passe réellement, précise-t-elle. Le harcèlement verbal représente ainsi 68 % d'entre eux, les agressions physiques 11 % et enfin, les femmes sont 2,3 fois plus à risque d'y être confrontées. Des chiffres effrayants, que la mobilisation antiraciste ne cesse de condamner.