Le rapport a été publié dans le Journal of American Medical Association et délivre des conclusions inquiétantes. Des chercheur·se·s ont analysé plus de 32,8 millions de naissances, via 68 études remontant jusqu'en 2007, afin d'observer les impacts extérieurs sur les nouveaux-nés. Un travail titanesque, comme le souligne Courrier International, qui alerte quant aux conséquences dramatiques qui se profilent.
84 % des documents étudiés (soit 57 sur 68) démontrent ainsi un lien certain entre les hautes températures et la pollution de l'air, et des grossesses aux issues difficiles.
Au fil de l'étude, les scientifiques détaillent que "les hautes températures augmentent le risque de naissances prématurées de 8,6 à 21 %", que "les bébés en sous-poids sont plus fréquents au fur et à mesure que les températures deviennent plus chaudes", et enfin, que "chaque augmentation de température de 1°C au cours de la semaine précédant l'accouchement correspond à une probabilité d'avoir un enfant mort-né de 6 % plus élevé entre mai et septembre."
Côté pollution, le bilan est tout aussi sombre. Une des études décortiquées dans la recherche souligne que l'exposition prolongée à un air pollué pendant le dernier trimestre de la grossesse faisait augmenter de 42 % le risque d'avoir un bébé mort-né, rapporte le New York Times.
Et avec le réchauffement climatique, ces taux risquent d'augmenter sévèrement.
Les perturbations environnementales causées par l'homme font monter les températures, augmenter l'humidité, réduire la capacité des gens à se rafraîchir même la nuit, et accroître la pollution de l'air, rappelle le Guardian. "Le smog provenant de la combustion de combustibles fossiles se forme pendant les journées chaudes. Et les feux de forêts qui provoquent l'inhalation de fumée sont exacerbés par la crise", liste ainsi le média britannique.
Pour Bruce Bekkar, co-auteur de l'étude et obstétricien à la retraite, la population n'est pas assez au fait de ces répercussions. "Lorsque vous parlez de climat, les gens pensent à des phénomènes météorologiques violents, à de grosses tempêtes ou à d'énormes incendies... mais nous voulions parler des impacts qui sont communs et étendus et permanents et qui sont aussi rarement attribués à la crise climatique", explique l'expert.
Il prévient : "Nous avons déjà des générations affaiblies dès la naissance. Nous ne pouvons tout simplement pas permettre que cela se produise, et j'aimerais voir non seulement les mères, leurs maris et leurs enfants se présenter aux réunions du conseil, mais j'aimerais aussi voir beaucoup plus de professionnels de la santé participer à la demande d'une législation qui réduise les charges sanitaires actuelles et vraiment effrayantes de la crise climatique".
La plupart des études qui ont examiné le lien entre la pollution de l'air et les grossesses aux issues difficiles ont montré que les risques étaient plus importants pour les mères noires. Selon un document de 2018, celles-ci ont 2,4 fois plus de chances d'avoir des enfants en sous-poids à la naissance que les femmes blanches, et le risque de mortinatalité (le fait d'accoucher d'un bébé mort-né) est deux fois plus élevé que pour les Blanches dans un certain nombre de pays riches.
Selon les auteurs, cette vulnérabilité particulière à la chaleur et à la pollution chez les Afro-Américaines résulte de plusieurs problèmes systémiques. D'abord, les familles noires américaines sont plus susceptibles de vivre à proximité de centrales électriques et d'autres sources de pollution de l'air, déclare Dre Rupa Basu, co-autrice de l'étude et chef de la section épidémiologique de l'air et du climat pour l'Office of Environmental Health Hazard Assessment en Californie, au New York Times.
Elles sont également moins susceptibles de posséder la climatisation dans leur maison ou moins en mesure de payer les factures d'électricité plus élevées, poursuit-elle, ou de vivre dans des quartiers avec des espaces verts qui peuvent aider à maintenir les températures basses.
Pour Catherine Garcia Flowers, organisatrice de terrain à Houston pour Moms Clean Air Force, un groupe de défense, il s'agit de racisme structurel pur et dur. Et il est primordial d'agir pour rétablir ces inégalités meurtrières. "C'est le moment où l'on prend conscience de l'injustice raciale et des disparités en matière de santé", lance-t-elle en réaction à l'étude, au média américain. "Ne rien faire contre la pollution de l'air, qui a clairement un impact plus important sur les Noirs américains, c'est du racisme en action".
Des résultats d'autant plus préoccupants que l'administration Trump a cherché à affaiblir les protections contre la pollution et les efforts en matière de climat, notamment en réduisant les normes d'émissions des voitures et des centrales électriques, pointe le Guardian.