Les stéréotypes ont la dent dure. Et les tabous que l'on aimerait éradiqués depuis longtemps ne semblent pas près de disparaître. C'est en tout cas ce que démontre un rapport intitulé The Relationship Comfort Zone ("La zone de confort d'une relation" en français), qui a interrogé 2000 femmes et hommes britanniques sur leur routine hygiénique, leurs attentes mais aussi ce qui les gêne lorsqu'ils entament une nouvelle relation. Bilan : ce ne sont pas uniquement les hommes qui font perdurer les clichés de genre et les standards de beauté irréalistes.
Sur les 2000 enquêté·e·s, l'étude révèle donc que 70 % des hommes seraient gênés d'aborder les règles avec leur partenaire après six mois de relation. Les expert·es ne précisent pas s'ils redoutent simplement de l'évoquer ou de poser des questions plus intimes, mais le résultat est là : la majorité d'entre eux n'est pas à l'aise avec la question. Un embarras qui en dit long sur la diabolisation de ce phénomène, rappelons-le, naturel.
Côté apparence, les exigences genrées persistent tout autant. Les interrogés ont ainsi déclaré qu'ils souhaitent que leur partenaire porte des sous-vêtements "sexy" pendant au moins un an après leur premier rendez-vous, et rasent leurs jambes tout aussi longtemps. Mais les femmes aussi imposent des notions réductrices de sexualité et de beauté ; elles voudraient ainsi que leurs partenaires entretiennent leurs poils pubiens sur la même période, et les deux sexes ont répondu qu'ils attendraient sept mois au moins avant de se révéler leur passé sexuel.
Et puis, il y a le poids. Aussi bien les hommes que les femmes questionné·e·s estiment qu'il est seulement "acceptable" d'en prendre après 15 mois de relation. Aberrant.
Si chacun·e est évidemment libre de vivre son couple comme il l'entend, certaines exigences physiques contribuent à perpétuer des idées nocives et sexistes. Surtout, le fait d'être mal à l'aise, voire de ne pas vouloir parler des règles avec sa compagne avant un bon bout de temps quand on est un homme n'aide pas à lever le voile sur ce tabou néfaste. Car c'est justement en continuant de considérer les menstruations comme quelque chose de sale et de honteux que l'on nourrit aussi les inégalités de genre, la précarité menstruelle et ses conséquences dramatiques.
Dans le monde, ce sont 500 millions de jeunes filles et de femmes qui n'ont pas accès aux protections hygiéniques par manque de moyen, qui sont exclues pendant leurs règles et qui, pour les plus jeunes, finissent par s'abstenir d'aller à l'école. 1,7 millions de Françaises en seraient touchées, devant parfois avoir recours à des alternatives dangereuses (du papier journal, du papier toilettes ou encore des chaussettes qui, couplés à un manque d'hygiène, causent des infections). Beaucoup d'entre elles doivent même choisir entre se nourrir et acheter des produits périodiques.