"Qu'est-ce que tu as à être énervée ? T'as tes règles ou quoi ?" Le mythe qui consiste à dire que toutes les femmes qui ont leurs règles se transforment en une boule de nerf infréquentable est tenace. Encore aujourd'hui, on part du principe que le grand bouleversement hormonal occasionné par les cycles menstruels s'associe automatiquement à des accès de fureur et à une irritabilité.
Comme le rappelle l'historien français Georges Vigarello, auteur du livre La Robe et invité de l'émission Une Bonne tasse d'été ce vendredi 10 août sur France Inter : "Il y a tout un imaginaire autour des règles qui relève du rejet et de l'inquiétude. Il existe un ensemble de fantasmes comme par exemple celui selon lequel lorsqu'une femme qui a ses règles s'approche de certains produits, comme le vin et la mayonnaise, elle les fait tourner (..) Plus profondément, ces croyances révèlent une angoisse du féminin."
"Même aujourd'hui, l'idée que la biologie d'une femme peut embrouiller son cerveau est un élément fondamental de la culture populaire", souligne Zaria Gorvett, autrice d'un article publié le 7 août sur le site de la BBC. Or, la journaliste explique que les règles peuvent également avoir un effet positif sur le cerveau des femmes.
Dans son article, Zaria Gorvett cite les travaux de la psychologue Pauline Maki qui en 2002, a réalisé une étude avec une équipe de scientifiques du Centre de Recherches en Gérontologie de Baltimore (États-Unis), afin de déterminer comment les fluctuations des niveaux d'oestrogènes affectent les capacités des femmes au cours de chaque cycle menstruel.
L'étude a été menée sur un groupe de 16 femmes volontaires. Chaque participante a été soumise à des tests psychologiques à deux reprises : une fois juste après ses règles, lorsque les taux d'oestrogènes et de progestérones étaient faibles, et une fois environ une semaine après l'ovulation, lorsque les taux de ces hormones étaient élevés.
Bien qu'il s'agisse d'une petite étude, les résultats s'avèrent plutôt surprenants. Durant les jours où les participantes avaient plus d'hormones féminines dans leur système, elles étaient beaucoup moins aptes à se repérer dans l'espace, mais leur mémoire était à son plus haut niveau, notamment la faculté à apprendre de nouveaux mots. Quand leurs niveaux hormonaux étaient plus bas (donc après leurs règles), leur capacité à se repérer dans l'espace a été restaurée.
Toujours selon cette étude, les femmes qui produisent un taux important d'oestrogènes pendant leurs règles auraient également de meilleures aptitudes pour maîtriser leurs émotions, en particulier la peur et la décision de se battre ou de fuir.
Ces étranges phénomènes s'expliquent par une réaction des hormones dans deux zones du cerveau : l'hippocampe et l'amygdale. La première stocke la mémoire, tandis que la seconde gère nos émotions. Curieusement, l'amygdale peut aussi être cruciale pour éviter les bévues de communication, car elle permettrait de développer son sens de l'empathie, et donc se mettre à la place de l'autre.
"Les femmes qui ont la capacité de produire de grandes quantités d'oestrogènes seraient donc plus aptes pour reconnaître la peur et auraient de grandes aptitudes sociales", avance Pauline Maki.
Enfin un argument béton que vous pourrez ressortir à quiconque vous fera une réflexion désagréable sur vos règles.