« Peut-on encore écrire un poème après Auschwitz ? », se demandait Adorno. Il semblait alors que la fiction et l’imagination étaient vouées à disparaître pour raconter la terrible vérité. Les écrivains ont été et restent pourtant nombreux à oser aborder le sujet de la Shoah. De Romain Gary (« La Vie devant soi » en 1975) à Jonathan Littell (« Les Bienveillantes » en 2006), les témoignages ont laissé place aux romans-enquêtes -Tatiana de Rosnay « Elle s’appelait Sarah » en 2006-, ou romans-vrais comme « La réparation » de Colombe Schneck, paru en août chez Grasset.
L’écrivain et journaliste a voulu reconstituer l’histoire de Salomé, une cousine disparue : « J’ai appelé ma fille Salomé, sachant que ma mère me l’avait demandé quelques années auparavant », explique-t-elle. « Or, quand ma fille est née, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien ni de l’histoire de cette cousine disparue, ni de l’histoire de ma famille pendant la guerre et pendant la Shoah ». De là commence une fouille dans le passé et les épisodes les plus noirs du ghetto de Kovno en Lituanie. Là où un choix impensable se pose à une mère, entre la vie et son enfant.
Ici ce n'est pas la grande Histoire des témoins directs de la guerre, mais l’histoire intime de quelques aïeuls, qui se raconte à demi-mot dans le cercle familial, et qui se retrouve exhumée tout à coup par une plume bienveillante. Juste pour prolonger le souvenir, et tâcher de comprendre.
Marine Deffrennes
Découvrez l’interview de Colombe Schneck en vidéo
Découvrez également tous les conseils de lecture de notre partenaire Myboox et la sélection de la rédaction de Terrafemina dans notre dossier spécial Rentrée littéraire 2012.
Résumé du livre : « La réparation »
« Je me suis d'abord trompée. Je me disais c'est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d'amour impossible, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu'une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit. La petite Salomé, dont ma fille a hérité du beau prénom, mon arrière grand-mère, mes oncles et tantes, mes cousins, vivaient en Lituanie avant la guerre. Ils appartenaient à une communauté dont il ne reste rien. » Que s'est-il vraiment passé dans le ghetto de Kovno en 1943 ? Et pourquoi cette culpabilité en héritage ? Dans ce roman-vrai, Colombe Schneck remonte le temps et fouille les mémoires. Jusqu'à la découverte d'une vérité bouleversante.
Colombe Shneck, « La réparation », Grasset, 17 €.
Crédit photo : Jérôme Bonnet
Rentrée littéraire 2012 : Stéphane Zagdanski, « Chaos brûlant » (vidéo)
Rentrée littéraire 2012 : Marianne Rubinstein, « Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel »
Valérie Trierweiler au coeur de la rentrée littéraire 2012
Prix Goncourt : les 12 auteurs sélectionnés entre consécration et surprise
Rentrée littéraire 2012 : « C », l’intertextualité selon Tom Mc Carthy (vidéo)