Disons-le tout net : le comportement du tennisman Maxime Hamou envers la journaliste Maly Thomas n'est pas le "dérapage" d'un homme qui a trop bu comme l'ont dit les chroniqueurs de "Touche pas à mon poste" mardi soir. Il n'est pas non plus une "mauvaise blague", une "interview polémique" comme l'ont écrit certains médias. Tenir une femme par la nuque pour essayer de l'embrasser de force alors qu'elle tente de se dégager, c'est une agression sexuelle. Une agression sexuelle qui s'est déroulée en direct, sous les rires gras des collègues de la victime.
Retour sur les faits. Lundi 29 mai 2017, le tennisman Maxime Hamou est éliminé à l'issue du premier tour de Roland-Garros. Après le match, il est interviewé en direct par la journaliste d'Eurosport Maly Thomas. Alors que cette dernière tente de recueillir ses impressions suite à son élimination, le tennisman l'attrape par les épaules puis tente de l'embrasser dans le cou. La journaliste essaye de se dégager, mais Maxime Hamou la retient et essaye une nouvelle fois de l'embrasser. Le tout sous les rires amusés et les applaudissements des journalistes d'Eurosport restés en plateau, dont l'ancien joueur Henri Leconte.
Choquante, la scène n'a pas mis longtemps à interpeller les internautes. Parmi eux, la députée de Paris Cécile Duflot qui a tweeté sa "fatigue" face à un comportement qui participe à la culture du viol.
Interviewée par le HuffPost, la journaliste Maly Thomas a fait part de son malaise et de son impossibilité de réagir. Coincée dans sa position de journaliste, elle n'a pu lui dire clairement non, même si son attitude affichait explicitement un rejet. "Si ne n'étais pas en direct, je lui aurais collé une droite", a-t-elle affirmé. Avant de dénoncer une situation "franchement désagréable" qui reflète selon elle "des rapports entre les hommes et les femmes qui peuvent exister dans la vie courante". "Ce sont des situations que l'on banalise et qui ne devraient pas l'être."
Pour rappel, le code pénal français définit les agressions sexuelles comme "un acte à caractère sexuel sans pénétration commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise". Ce que constituent les baisers forcés de Maxime Hamou sur la journaliste.
Suite à la médiatisation du comportement de Maxime Hamou, la Fédération française de tennis (FFT) a rapidement réagi. Mardi 30 mai dans la soirée, elle a annoncé dans un communiqué avoir retiré l'accréditation au joueur "à la suite de son comportement répréhensible". La commission des litiges a également été saisie, a annoncé le président de la FFT.
La ministre des Sports, Laura Flessel a rappelé elle aussi que le comportement de Maxime Hamou, qu'elle qualifie d' "agression", n'a "rien de drôle". "Ne jamais laisser faire, ne jamais banaliser de tels actes", a-t-elle poursuivi.
Suite à la décision de la Fédération française de tennis, Maxime Hamou a fini par présenter de maigres excuses via son compte Instagram. Mais invoquant un "trop plein d'enthousiasme" qu'il a laissé "s'exprimer maladroitement" pour se justifier, les excuses du tennisman tombent à plat. "Je tiens à présenter mes plus profondes excuses à Maly Thomas si elle s'est sentie blessée ou choquée par mon attitude pendant son interview. (...) J'apprends encore tous les jours pour devenir un meilleur joueur et une meilleure personne", ajoute Maxime Hamou dans son communiqué.
Henri Leconte s'est lui excusé auprès de sa collègue : "Nous ne cautionnons aucunement ce type de comportement. Maly est une grande professionnelle qui mérite des excuses. Notre réaction pendant le direct n'était pas appropriée. Nous aurions dû réagir plus rapidement. Nous nous excusons auprès des téléspectateurs qui ont pu être affectés", a déclaré l'ex-joueur dans son émission d'après-match "Avantage Leconte".