Le cinéma est de retour en salles. A l'affiche prochainement : Filles de joie, un long métrage signé Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne, et interprété par Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne et Sara Forestier. Il raconte la vie de trois jeunes femmes qui traversent tous les jours la frontière belge pour se prostituer dans une maison close, et payer leurs factures à Roubaix.
L'une d'elle, Axelle, tente d'échapper à son ex-conjoint qu'elle a quitté à cause des violences qu'il lui infligeait. Axelle, c'est Sara Forestier. Au sens propre comme au figuré. Dans une interview pour Le Parisien, elle le formule carrément : "Axelle, c'est moi de ce que j'ai pu ressentir en étant, moi, Sara, face à un homme violent."
Elle confie au micro de Léa Salamé, sur France Inter, qu'au moment du tournage, elle subissait la même chose que celle qu'elle incarnait. C'est d'ailleurs ce qui l'a "vraiment motivée", raconte-t-elle. "C'est unique et c'est vrai, c'est que, ce que vivait le personnage, j'étais en train de le traverser dans la vie".
Elle estime par ailleurs que dans ces cas-là, il faut parler, et encourage celles qui sont encore sous emprise à ne pas se taire. "Une libération de la parole, c'est aussi concret, ça permet d'agir et ce n'est pas quelque chose qui va contre la justice, au contraire". Elle aborde également les stéréotypes qu'on accole souvent aux victimes : "On pense qu'une femme sous emprise est prostrée, mais parfois on reste avec un homme pour avoir réparation, dans une posture de combat".
Dans son cas, elle explique que ce qui lui a "permis d'avoir des preuves pour pouvoir porter plainte contre ce garçon", c'est justement de parler, et d'aller immédiatement faire constater les coups reçus par son agresseur à l'hôpital, après s'en être éloigné. Une démarche qu'elle n'aurait pas su conseiller il y a plusieurs années.
"Quand j'étais adolescente, j'ai une amie qui s'est fait taper par son conjoint, et je n'ai pas su réagir. Quand ça m'est arrivé, j'ai commencé à avoir des bons réflexes. J'aurais une amie dans la même situation, je l'emmènerais faire des mains courantes. Parce que je sais que ça sert à quelque chose. Je lui dirais qu'elle peut aussi aller voir un médecin pour faire des constatations. Ça aide et ça sauve des gens, de parler", témoigne-t-elle.
Le collectif Nous Toutes a déclaré mercredi 24 juin que depuis le 1er janvier 2020, 46 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex. En 2019, l'organisation relevait 152 féminicides, soit un tous les deux jours et demi. Pendant le confinement, si le nombre de femmes tuées a baissé, les commissariats ont enregistré une hausse de 36 % des plaintes pour violences conjugales.
Des chiffres toujours intolérables, qui cette année encore, témoignent de l'urgence de la situation.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.