Catherine Coutelle : Je l'ignore. Il semble que ce soit le sénateur socialiste Yves Krattinger qui ait défendu ce projet en premier, idée qui a séduit plus d'un sénateur par la suite. Mais cette idée est en exception totale dans le scrutin français, je ne sais pas ce qui a pu l'inspirer.
C. C. : C'est vraiment une fausse « bonne idée » à mes yeux et je ne suis pas la seule à m'élever contre, même si la question divise. Je l'ai d'ailleurs fait dire à la commission Jospin et ai fait remonter mes notes à François Hollande. La parité dans les conseils généraux est certes une question à traiter d'urgence : on y compte encore seulement 14% de femmes, une situation dramatique qui ne s'est pas améliorée avec les dernières élections, alors que l'on avait pourtant instauré le ticket paritaire, à savoir l'obligation pour les candidats d'avoir un suppléant de sexe différent. Le conseil général reste l'un des bastions qui résiste le plus à la féminisation et à la parité. Reste que l'instauration d'un scrutin binominal est pour moi une proposition choquante et humiliante pour les femmes. Cela revient à dire que les femmes n'arriveront jamais par elles-mêmes dans les conseils généraux et soutient cette fausse ancienne idée que les femmes font perdre les élections. « Vous n'aurez jamais de place », dit-on ainsi aux femmes, comme si elles devaient être avec un homme pour réussir à se faire élire.
C. C. : Pour moi cette proposition véhicule une très mauvaise image de la parité. S'il y a un vrai problème à résoudre, la parité, on y a trouvé une fausse solution : le binôme homme-femme. Il faut se poser la bonne question : pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans les conseils généraux ? Parce que les partis ne présentent pas de femmes aux élections, tout simplement. Si le parti socialiste, je prends l'exemple de ma famille politique, avait appliqué la règle qui veut que l'on présente une femme sur chaque circonscription sortante et avait présenté des femmes dans les cantons gagnables, la parité aurait fait un bond en avant. Ce sont là de vraies solutions qui ne sont pas appliquées. Et puis je m'interroge : cela signifie-t-il que nous devrons en passer par là pour les prochaines législatives ?
C. C. : La piste principale à étudier est la mise en place du scrutin de liste : une femme et un homme, sur un scrutin majoritaire. Cela imposerait une liste majoritaire. Par ailleurs, l'ancrage territorial et la représentativité des élus pourront être garantis par l'organisation de listes infra-départementales. Ce serait une solution véritablement efficace.
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