Les élues parisiennes sont en rogne. L’objet de leur colère ? La décision du conseil national de l’UMP d’attribuer seulement cinq circonscriptions de la capitale sur dix-huit à des femmes. A la tête des recalées, Rachida Dati, qui organise la fronde. La députée européenne, également maire du 7e arrondissement de Paris depuis 2008, n’entend en effet pas laisser la 6e circonscription à François Fillon, qui a reçu l’investiture de son parti.
Au nom du respect de la parité, ces élues déchues décident de se présenter malgré tout contre le candidat officiel de leur parti, en portant une « candidature dissidente ». « Je ne suis pas fière que mon parti politique investisse plus de 70% d’hommes pour les législatives », se désole la députée UMP Marie-Claire Carrère-Gée. Cette dernière affrontera l’UMP Jean-Pierre Lecoq dans la 11e circonscription de Paris. « J’ai bien conscience des difficultés à instaurer la parité étant donné qu’il y a plus d’hommes sortants et que nous ne demandons évidemment pas à renvoyer des candidats sortants sous prétexte que ce soient des hommes », souligne l’élue. « En revanche, nous voulons que la parité soit obtenue sur les circonscriptions de reconquête pour compenser la proportion d’hommes sortants ». Car la faible proportion de femmes de droite investies, le sont uniquement sur les circonscriptions de reconquête. « Là où les femmes sont massivement présentes, ce sont sur les circonscriptions perdues d’avance. Je trouve cela intolérable », s’indigne Marie-Claire Carrère-Gée.
« Je comprends la mauvaise humeur des femmes, mais à Paris, les conditions ne sont pas idéales pour assurer la parité », plaide Chantal Brunel, rapporteure de l’Observatoire de la parité et élue UMP, qui explique que le nombre de députés est en baisse, alors que des circonscriptions ont été supprimées et que deux femmes ne se représentent pas. « Il y a certes une absence de candidatures féminines dans les circonscriptions réputées gagnables, et je le regrette », admet-elle. Car si la loi exige une parité à 50/50, c’est sur les candidatures, et non sur les élues avérées. Ainsi en présentant 50% de femmes aux législatives, pas plus de 30% seront élues à l’arrivée. « Par ailleurs cette règle des 50% prend en compte les candidats et les suppléants et bien souvent la femme est suppléante », confie-t-on au bureau de Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris chargée de l’Egalité femme/homme.
Un paradoxe qui touche non seulement les élues UMP, mais évidemment celles des autres partis. Ainsi, l’élue parisienne PS Danièle Hoffman-Rispal ne décolère pas. Elle dénonce depuis le mois de novembre la concurrence déloyale qui lui est faite sur la 6ème circonscription, que le PS a décidé de céder à Cécile Duflot. « L’avancée vers la parité est assez compliquée comme ça, il est inadmissible qu’une femme se présente contre une autre femme sortante dans une circonscription gagnable », tempête-t-elle. « En s’imposant sur cette circonscription, Cécile Duflot s’en prend à une femme, et ce n’est pas comme ça que l’on va aller dans le sens de la parité », estime-t-elle.
A Paris, sur une dizaine de candidats aux législatives, on compte cinq femmes PS. « La parité est largement respectée à Paris, reconnaît Danièle Hoffman-Rispal. Bertrand Delanoë s’est largement employé depuis 2001 à respecter l’égalité hommes-femmes, en tenant par exemple à ce que ses directrices de service soient des femmes ».
Pourquoi une telle différence entre l’UMP et le PS ? « Cela est certainement dû au fonctionnement de notre parti : ce sont les militants qui votent pour leurs représentants, ce qui n’est pas le cas à l’UMP », analyse Danièle Hoffman-Rispal. Par ailleurs, dès 1977 le parti socialiste instaure en son sein des « quotas femmes » qui exigent 30% de femmes dans les instances du parti. « Cela fait bien longtemps que nous travaillons sur ces questions et que nous permettons aux femmes d’accéder à la vie politique », souligne l’élue.
Par ailleurs, l’élue socialiste estime que la question du statut de l’élu doit d’urgence être étudiée. « Il est difficile de se reconvertir après avoir été élu, explique Mme Michon. Cela pousse d’autant plus les personnels politiques à vouloir conserver leur poste ». Mais l’évolution peut également venir de la base. « Je pense que l’action des militants et le choix des électeurs va pouvoir faire évoluer la situation », affirme Mme Carrère-Gée. A l’Observatoire de la parité, on estime également que les partis doivent travailler la problématique de la parité beaucoup plus en amont des élections législatives. « Pour pallier ce non-respect de la parité, les partis ne doivent pas attendre quelques mois avant l’échéance pour s’organiser », souligne Chantal Brunel. Pour avancer, elle préconise qu’ils s’attèlent à la détection des talents et à la formation des femmes politiques bien en amont des législatives.
Crédit photo : AFP/Archives
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