Elle devait penser que c'était une bonne idée. Elle avait tort. Alors que le monde entier, médusé, assistait à la reprise de contrôle éclair de Kaboul par les talibans le 15 août dernier, la mannequin britannique Lily Cole a commis une sacrée bévue. En pleine promo pour son livre Who Cares Wins, la top a jugé bon de poster sur son compte Instagram un selfie du plus mauvais goût : on l'y découvre vêtue d'une burqa (le voile intégral imposé aux femmes par les fondamentalistes), photo accompagnée d'une légende surréaliste : "Adoptons la diversité à tous les niveaux : biodiversité, diversité culturelle, diversité de la pensée, diversité de voix, diversité d'opinions."
Ce post n'a pas manqué de déclencher un tollé massif (et justifié), les internautes rappelant à l'influenceuse britannique de 33 ans que la burqa n'était en aucun cas un accessoire de mode, un déguisement ou la dernière pièce fashion prisée par les Afghanes, mais bien un symbole d'oppression imposé par les talibans.
Face au torrent de réactions outrées, le selfie a été retiré et quelques piteuses excuses avancées : "Cette semaine, j'ai posté une vieille photo de moi portant une burqa que m'a prêtée une amie, car elle a souligné que je sapais son objectif initial en la portant avec mon visage exposé, mais je comprends pourquoi l'image a bouleversé les gens et je veux s'excuse sincèrement pour toute offense causée", a ainsi écrit la mannequin, non sans ajouter : "Je n'avais pas lu les nouvelles au moment où j'ai posté, donc c'était incroyablement inopportun (merci de me l'avoir signalé)". Un niveau de déconnexion qui laisse pantois.
Dans la série des soutiens incongrus, la créatrice de mode Diane von Fürstenber a également frappé fort. En croisière sur un luxueux yacht, la créatrice de mode américaine y est allée elle aussi de sa petite contribution perchée. Sur le cliché de vacances posté sur son compte Instagram, la styliste dédie sa baignade quotidienne aux femmes afghanes : "Bénie au milieu des flots, je me sens libre et pourtant mon coeur saigne pour les femmes en Afghanistan..."
On imagine combien les femmes afghanes, en prise avec un régime qui les menace de lapidation, d'interdiction de travailler, d'étudier ou de sortir de chez elles, ont dû être touchées par ce bouleversant hommage. Un post qui a fait tressaillir nombre d'internautes : "Super, maintenant envoyez-leur de l'argent, hébergez-les chez vous et demandez aux politiques d'accueillir des réfugiés afghans", peut-on lire en commentaire.
Deux exemples sidérants d'activisme en toc, à l'image de ces hashtags balancés au détour d'une photo trouvée à la va-vite sur Google Images, deux échantillons de militantisme paresseux et opportuniste, aux relents de "white feminism" hors-sol. Mais rassurons-nous : après avoir virtuellement "saigné du coeur", Diane von Fürstenberg- classée 75e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes en 2015- a finalement décidé de mettre sa plateforme au service de la cause afghane en appelant à faire un don à l'association Vital Voices. Puis a filé poster un coucher de soleil sur Insta en nous retournant les méninges avec cette question existentielle : "Pourquoi les humains ont-ils besoin de se battre ?"