Quoi de mieux par les temps qui courent que de s'immerger dans un huis clos glacé, un plaid à proximité ? C'est ce que propose Esprit d'hiver, thriller frigorifique adapté du roman de Laura Kasischke et à découvrir fissa sur Arte.tv ou dès le jeudi 10 novembre à 21h10 sur Arte. On y retrouve Audrey Fleurot, méconnaissable en blonde hitchcockienne, délaissant le registre comique pour une partition tragique et très nuancée.
Hitchcockien, le terme n'est pour une fois pas usurpé. Car cette mini-série en trois épisodes est une véritable plongée dans la psychose d'une femme, romancière et mère de famille isolée dans sa maison aux côtés de sa fille, sous la neige, alors que son mari, parti en voiture en ce jour de Noël, ne revient pas, et s'avère injoignable... Et des événements se font de plus en plus étranges dans ce domicile à la fois vaste et étouffant.
Mais le danger vient-il vraiment des choses alentours... ou de notre protagoniste ? Un question qui réserve d'étonnantes résolutions.
Vous le devinez aisément, cette fiction déploie une habile terreur psychologique. Quitte à vriller à l'horrifique. L'intrigue nous balade volontiers, à l'instar de son personnage principal, tourmenté comme dans un roman de Daphné du Maurier, éprouvant l'angoisse, l'incompréhension, la tristesse, déroutée par cet étrange réveillon, mais aussi par l'attitude de sa fille, qu'elle semble sans cesse perdre et retrouver entre ces quatre murs.
Audrey Fleurot nous fait ressentir cette complexité avec conviction. D'autant plus qu'à travers sa performance, bien des enjeux féministes se cristallisent. Car par-delà la tension, quel est le sujet d'Esprit d'hiver ? La relation difficile entre une mère et son enfant, et par-là même, le complexe insidieux de la mauvaise mère. Indissociable d'un sujet tabou lui aussi illustré : le regret d'être mère. Mais la journée de la protagoniste, isolée, répétant les mêmes gestes jusqu'à la folie, est également une allégorie de la charge mentale.
Car c'est une fiction d'où les hommes sont quasiment absents : ne reste que l'expérience maternelle et domestique, qui tourne au cauchemar. Délicatement, par le biais d'une mise en scène qui fuit l'explicite pour toucher du doigt l'inconscient, s'exprime une forme d'impensé de la psyché et de la condition féminines, dans cette demeure recouverte par la neige.