Les rédactions du Monde, du Figaro, du Parisien, de Ouest France, de Sud-Ouest, de 20 Minutes, du Point, de l'Obs, de Elle, de Marie Claire et de Femme actuelle ont été scrupuleusement examinées par le Haut conseil à l'égalité femmes-hommes. Et le bilan est sans appel : la presse écrite française contribue aux stéréotypes sexistes, "au sein même des rédactions et dans la manière dont sont rédigés les articles", affirme l'instance indépendante.
Sur les éditions analysées (celles du 3 décembre 2020 pour les publications hebdomadaires et mensuelles, et du 7 décembre pour les quotidiens), les femmes ne représentent que 23 % des personnalités évoquées, et 21 % de celles citées. En outre, moins de 20 % des papiers ont pour sujet principal une femme. Et lorsque c'est le cas, leur apparence est davantage mentionnée que pour les hommes. "Rousse flamboyante", "petite blonde", "actrice sexy" sont autant de descriptions sexistes qui y apparaissent.
En interne aussi, le constat est édifiant. En moyenne, seulement 30 % de femmes travaillent dans les rédactions de presse généraliste (50 % si l'on inclut les magazines féminins), et 20 % dans les rubriques politiques. A noter, pointe l'AFP, que certains journaux ont de meilleurs scores que d'autres, notamment L'Obs, où les femmes composent 77 % de l'effectif rédactionnel, ou 20 Minutes, où la proportion femmes-hommes est de 45 % et 55 %.
Aucune cependant, et ce dans tous les médias observés, n'évolue à un poste de directrice de publication.
Afin d'accéder à davantage de parité, le HCE propose quelques axes d'amélioration. D'abord, il faut "changer de paradigme", note-t-il. Et de marteler : "Compter les femmes ne suffit pas".
Pour ce faire, l'organisme appelle à instaurer "des objectifs chiffrés de progression chaque année", ainsi qu'une "obligation sous peine de sanctions". Mais aussi des "quotas de femmes aux postes décisionnaires" dans les rédactions et un "système progressif de bonus-malus" au niveau des aides versées au secteur de la presse.
Pour lutter contre les clichés nocifs perpétués par l'écriture de certains contenus, l'instance avance également l'idée d'un "systèmes de comptage, informatisés si possible, sur la composition des rédactions, ainsi que sur les articles publiés", et de l'embauche d'un·e "gender editor" qui incarnerait "la vigie d'un traitement plus égalitaire de l'information" - une fonction que Mediapart a déjà intégré à ses équipes.
Ne reste qu'à les appliquer.