C'est un tollé général qu'a essuyé le président équatorien, Lenín Moreno, vendredi 31 janvier. Lors d'une rencontre filmée avec des investisseurs à Gayaquil, deuxième ville du pays, le chef d'Etat a estimé que : "Nous les hommes, nous sommes soumis en permanence au risque d'être accusés de harcèlement sexuel. Parfois, je constate que les femmes s'acharnent sur les moches, la dénonciation a lieu lorsqu'il s'agit d'un agresseur moche, alors que si la personne présente bien, est conforme aux canons de beauté, les femmes ne pensent pas nécessairement à du harcèlement".
Des propos hallucinants qui n'ont pas tardé à faire réagir les citoyen·nes équatorien·nes, ses opposant·es - et même une membre de son propre parti.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont immédiatement dénoncé la déclaration du président. "On comprend maintenant pourquoi [le gouvernement] a réduit à 876 000 dollars les subventions pour la PRÉVENTION DE LA VIOLENCE DE GENRE : nos vies pour cette foule sont sans valeur", déplore notamment Blanca Lopez, une étudiante en droit, sur Twitter.
Le conseil de protection des droits équatoriens (Consejo de Protección de Derechos de Quito) a quant à lui soulevé "que cette sorte de 'blague' émanant de l'instance la plus haute du pays dévoile la terrible banalité de cette pratique machiste qui affecte presque toutes les femmes", indique Courrier International.
Pour la congressiste du parti au pouvoir, Soleda Buendía, Lenín Moreno "justifie et reproduit la violence contre les femmes", affirme-t-elle en ligne. "On ne peut pas plaisanter sur le harcèlement, le viol, le féminicide, le trafic et l'exploitation sexuelle... Rien ne justifie les expressions qui nous victimisent de nouveau !" L'organisation Women for Change s'est également jointe à cette initiative, avec une phrase choc : "Ce n'est pas que tout ressemble maintenant à du harcèlement pour les femmes, c'est que pour des machos comme vous, il n'a jamais semblé mauvais de harceler !".
La sortie sexiste du président est d'autant plus révoltante que la situation en termes de violences sexuelles en Equateur est alarmante. Sur les femmes d'une part, avec plus de 60 % des Équatoriennes âgées de 15 à 49 ans qui ont déjà été victimes de violences, selon Plan international, mais aussi les enfants, puisque le pays souffre de nombreux crimes pédophiles qui restent pour la plupart impunis. Le quotidien La Republica rappelle d'ailleurs que Lenín Moreno a posé son veto contre la création d'un registre de violeurs et d'agresseurs sexuelles sur les enfants et les adolescents, alors que les criminels font partie de réseaux identifiés.
Au vu des réactions, le chef d'Etat s'est excusé sur Twitter, expliquant qu'il n'avait pas "l'intention de minimiser une question aussi grave que la violence ou les abus. Je m'excuse si cela a été compris de cette façon. Je rejette la violence contre les femmes sous toutes ses formes".
Il serait donc grand temps que sa politique le prouve.