Ce mardi 30 mars sortaient les mémoires de Sharon Stone. Un livre intitulé The Beauty of Living Twice, "la beauté de vivre deux fois", en français. L'actrice américaine iconique y raconte de nombreux détails de sa vie, jusqu'ici inconnus. Dont certains, particulièrement sordides. Par exemple, elle explique comment, lors de la célèbre scène d'interrogatoire de Basic Instinct, sa vulve a été filmée sans son consentement. Autre passage écoeurant : l'inceste dont sa jeune soeur Kelly, de trois ans sa cadette, a été victime pendant son enfance.
Elle révèle ainsi, au fil de ses pages, comment leur grand-père maternel l'a violée sous ses yeux. Un homme du nom de Clarence Lawson, couvert par leur grand-mère qui les "enfermait dans une pièce avec lui".
"J'ai été le témoin, et non la victime", détaille Sharon Stone. "La petite fille de huit ans témoin du vol de l'innocence de sa petite soeur de cinq ans. J'étais assise, pétrifiée, dans cette horrible pièce poussiéreuse, à peine éclairée, prise au piège, car je voyais cette vieille femme (sa grand-mère, ndlr) debout dans l'encadrement de la porte pour nous empêcher de nous échapper. Ma grand-mère, qui avait été battue tous les jours par le monstre qui était dans cette pièce, était elle-même devenue un monstre."
Des actes odieux qui s'arrêtent à la mort du bourreau, lorsqu'elle a 14 ans. Un "soulagement", décrit-elle. "[A l'enterrement], je l'ai touché dans son cercueil [pour m'assurer qu'il était bien mort], et l'étrange satisfaction que j'ai ressentie m'a frappée de plein fouet. J'ai regardé [Kelly] et elle avait compris. Elle avait 11 ans, et c'était fini", écrit l'actrice. Des mots d'une violence bouleversante.
Après des années de silence, Sharon Stone se confie. Elle estime simplement que c'est enfin "le moment de dire tout haut" ce qu'elle et sa soeur ont vécu, porté, ce qu'on leur a fait subir. Et intime d'ailleurs qu'il lui a aussi fallu du temps pour parler librement à ses proches, et surtout, à sa mère, qui "ignorait" tout de ces traumatismes. Un temps qu'elle regrette. "Nous avons perdu toute une vie d'amour", écrit-elle. "Aujourd'hui, ma mère et moi en sommes au début de notre relation. Si je n'avais finalement pas cessé de garder cet horrible secret, je ne l'aurais jamais connue".
Avec ses parents justement, elle décrit une relation très toxique, et des punitions physiques fréquentes. "Si j'étais insolente (...) ma mère me giflait violemment. Si je bougeais pendant qu'elle me coiffait, il n'était pas rare qu'elle me frappe la tête jusqu'à casser la brosse". Son père, lui, la "traînait à travers la cuisine jusqu'au sous-sol pour [lui] fiche une raclée à coup de ceinture". Aujourd'hui toutefois, elle assure avoir fait la paix avec cette famille qu'elle qualifie de "dysfonctionnelle, bordélique".
Autant de révélations terribles qui encouragent à davantage libérer la parole, et surtout, à mieux écouter et entourer celles et ceux qui la prennent.