On a attribué au fait de retirer son préservatif pendant l'acte sexuel sans avertir son ou sa partenaire un nom : le "stealthing" - intitulé désignant la "furtivité". Mais pour bien des voix, le terme de viol convient beaucoup mieux. C'est aussi là l'avis de la Justice de Nouvelle-Zélande, qui vient justement de statuer à ce sujet.
Comme l'énonce le Guardian, le pays tend ainsi de plus en plus à prendre en considération cette agression sexuelle. Ainsi en ce mois d'avril, une première poursuite envers un homme accusé de "stealthing" a eu lieu dans un tribunal de Nouvelle-Zélande. Cet homme avait retiré son préservatif lors d'un rapport consenti en 2018 avec une travailleuse du sexe sans l'en avertir. Le tribunal de Wellington a reconnu que cette pratique avait mis en danger la santé physique de la victime et lui avait causé des traumatismes psychologiques. L'affaire a abouti à l'emprisonnement dudit accusé. Et cette décision de justice pourrait faire boule de neige.
Ainsi, la cheffe d'opposition australienne Elizabeth Lee souhaiterait une criminalisation plus explicite au sein de la loi dans son pays. "Les rapports sexuels sans consentement sont des agressions sexuelles. Et l'agression sexuelle est un crime", développe-t-elle à ce titre. "L'incertitude et le manque de clarté dans le traitement législatif actuel de l'agression sexuelle ne reflètent pas exactement ce qui est considéré comme un comportement inacceptable par le public", souligne Elizabeth Lee.
Ainsi, cette agression serait bien trop minimisée dans la société. Pourtant, comme le note The Guardian, une femme sur trois et un homme sur cinq dans le monde auraient déjà été victimes de cette violation du consentement.
En 2017 déjà, comme le rappelle The Guardian, des voix comme celle de l'avocate américaine des droits civiques Alexandra Brodsky décrivait le retrait du préservatif sans le consentement du ou de la partenaire comme un fait "adjacent au viol". D'où l'intérêt aujourd'hui d'un projet de loi statuant l'absence de consentement, et donc l'agression sexuelle que sous-tend le "stealthing". Sans une loi officialisant cette criminalisation, l'acte ne pourra être que minimisé. Et les paroles des victimes, encore plus difficilement prises en compte.
"Il y a un vrai manque de clarté juridique et sociale autour de l'acte lui-même qui alimente les mythes et les tromperies autour des violences sexuelles. Et cela revient à cette idée que le 'vrai viol' impliquerait la violence, la force extrême et la coercition, au lieu d'aborder la nécessité du consentement lors d'une relation sexuelle. Il s'agit également de minimiser l'expérience des victimes, d'ignorer leur santé sexuelle ou le risque de grossesses non désirées", déplore en ce sens Bianca Fileborn, chercheuse sur les violences sexuelles à l'université de Melbourne.
Des propos soutenus sur la Toile. "Sachez que si vous forcez votre partenaire à ne pas utiliser de capote et/ou que vous l'enlevez en douce pendant le rapport, moi j'appelle ça du viol", abonde une internaute. "Retirer votre préservatif en plein acte sexuel est une violation du consentement", affirme à l'unisson une éducatrice sexuelle sur Twitter. Viol beaucoup trop banalisé, mais de plus en plus médiatisé.
Aujourd'hui, même les fictions tendent à s'emparer du sujet et à sensibiliser leur audience au "stealthing" : c'est par exemple le cas de I May Destroy You, première série télévisée à le mettre en images, et largement saluée pour cela.