"C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !", entonne l'adage. Mais qu'en est-il pour celles qui n'ont jamais enfourché de bicyclette ? En Suède, l'asso quasi centenaire de promotion du cyclisme, Cykelfrämjandet, fondée en 1934, a décidé d'y remédier en donnant des cours de vélo... aux femmes immigrées.
Au-delà de l'aspect purement pratique, son motif est le suivant : permettre à celles pour qui la discipline n'est pas démocratisée dans le pays d'origine de s'intégrer davantage au sein de la société nordique. Mais aussi, de disposer d'un moyen de transports qui accroit leur indépendance. Un projet qui conquiert, puisque jusqu'ici, 500 apprenantes se sont prêtées au jeu, rapporte Franceinfo.
"Ici nous avons de bonnes pistes cyclables, les gens se déplacent et vont travailler en vélo. C'est un moyen de s'intégrer et beaucoup de ces femmes veulent avoir leur place dans la société. Elles viennent vers nous, on n'a pas besoin de recruter", confie au micro du journaliste Ruth, membre de l'organisation qui se charge de dispenser ces leçons ô combien émancipatrices. Et pas franchement évidentes à entreprendre à l'âge adulte.
Parmi ces élèves, Gullyeter, 50 ans. Venue d'Irak, elle confie : "Dans ma jeunesse, dans les années 80, ce n'était pas possible pour les femmes de faire du vélo. C'est la première fois que [j'en fais]. C'est difficile." Il y a encore Dedee, Indienne, qui souhaite manier le guidon pour pédaler avec son fils et aller au travail. Ou Fumi, 25 ans, qui souhaite se déplacer toute seule pour aller voir un ami, énumère le média.
De ce côté de l'Europe, à Strasbourg précisément, une autre association oeuvrait déjà à cet apprentissage tardif en 2013, décrivait alors La Croix. Le CADR67, pour Comité d'actions deux-roues du Bas-Rhin, y expliquait à l'époque pourquoi il était important d'encourager les citadines à se lancer.
Son président Fabien Masson constatait par ailleurs que les femmes immigrées âgées de 30 à 65 ans, essentiellement originaires d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, étaient très demandeuses. Là encore, l'absence d'accès à la discipline dans certaines régions du monde était citée.
"Elles n'ont pas toujours eu la chance d'apprendre dans leur pays. Leurs maris ne savent pas davantage, mais ils ont le permis. Elles sont dépendantes d'eux pour le moindre déplacement", déplorait-il, avant de se réjouir : "Ces deux dernières années, j'ai eu vent d'au moins cinq personnes ayant trouvé du travail grâce au vélo. Mais cela leur ouvre aussi des possibilités de loisirs".
Autant de femmes qui retrouvent une autonomie salutaire par ce biais, devenu possible grâce au travail de nombreux·se·s bénévoles engagé·e·s.