L’ancien leader du groupe Noir Désir est une nouvelle fois dans le viseur de la justice. Emprisonné pour le meurtre de Marie Trintignant il y a dix ans, le chanteur est actuellement la cible de l'avocate parisienne spécialisée dans les violences conjugales, Yaël Mellul. Celle-ci projette en effet de le poursuivre pour le suicide par pendaison de son épouse Krisztina Rady, en janvier 2010.
Selon l’avocate qui souhaiterait rouvrir le dossier Bertrand Cantat, le décès de Kristina Rady serait la conséquence de violences psychologiques administrées par le chanteur à sa compagne. Yaël Mellul s’appuie ainsi sur un message téléphonique datant de 2009 que Kristina Rady aurait laissé à ses parents avant sa mort (retranscrit dans le livre de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard, L’amour à mort, sorti en juin 2013 aux éditions L'Archipel), et dans lequel elle raconte la violence de son compagnon, ainsi que son désespoir. Les parents de la jeune femme avaient d’ailleurs dénoncé les violences de leur gendre dans une interview accordée à Paris Match en novembre dernier.
Elle semble abattue, présente Bertrand Cantat comme violent, voire « fou », et dit qu'elle « songe à s'enfuir », affirme Me Mellul, avant d'ajouter : « À l'examen très attentif de ce message, on voit que pour elle la seule issue c'est le suicide. »
Par ailleurs, Me Mellul explique ne représenter actuellement aucune partie, ni une association de défense des droits des femmes, ni même les parents de Kristina. Elle agit « en tant que militante » dans cette affaire, et compte venir prochainement à Bordeaux (Gironde), où Kristina Rady s'est suicidée, « afin d'alerter le procureur de la République en lui donnant des éléments qui lui permettraient de se saisir du dossier ».
Mais pour Me Aurélien Hamelle, l'avocat de Bertrand Cantat, Me Mellul « n'est mandatée par personne, n'a aucune légitimité et aucune connaissance de l'affaire ou des personnes impliquées autrement que par ce qu'elle a pu lire dans la presse ».
Pour poursuivre Bertrand Cantat, il faudrait appliquer l'article 222-7 du Code pénal, qui réprime « les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », et reconnaître ainsi, comme le souhaite Me Mellul, le « suicide forcé » par des violences psychologiques.
Yaël Mellul juge « étrange » qu'on « puisse condamner pour harcèlement dans le cadre du travail, mais pas dans la sphère privée », et dit « avoir hâte de voir de quelle manière le parquet de Bordeaux va aborder cette problématique ».
Elodie Cohen Solal
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