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6 parents partagent leurs astuces pour concilier télétravail et enfants
Publié le 8 avril 2021 à 19:07
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Depuis le 2 avril, les crèches et les établissements scolaires sont fermés pour 3 semaines. A la maison, les parents qui le peuvent doivent s'organiser pour conjuguer boulot, école à domicile et garde d'enfants. Comment faire pour tout gérer ? On vous a demandé.
Elles donnent leurs astuces pour concilier télétravail et enfants Elles donnent leurs astuces pour concilier télétravail et enfants© Adobe Stock
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Les récentes mesures sanitaires ont (re)plongé de nombreux parents dans une situation complexe. Celle de devoir jongler entre boulot, enfants, et pour les plus grand·e·s, école à la maison. Un emploi du temps surchargé qui, à les écouter, s'est rapidement avéré frustrant, stressant, voire source d'un sentiment d'impuissance difficile à soigner. Compréhensible.

Pour inspirer celles et ceux qui n'ont pas d'autres choix que de cumuler vie pro et vie perso l'espace de ces trois semaines avant la réouverture des écoles, on a sondé les premier·e·s concerné·e·s. A travers des témoignages riches en authenticité et en bonnes idées, cinq mères et un père nous donnent ainsi un aperçu de leur quotidien, confient un ras-le-bol palpable mais surtout, énumèrent quelques précieux conseils pour tout gérer sans (trop) craquer. Suivez les guides.

Fanny, 34 ans, deux enfants, assistante de direction

"J'ai deux enfants de 3 et 6 ans, et concilier télétravail et école à la maison est très compliqué. Mon compagnon travaille sur site toute la journée et j'ai peu le choix en ce moment. En gros, je commence tôt et je finis (trop) tard. Je m'organise pour gérer la classe des enfants le matin pour qu'on en soit débarrassé. On fait l'école à la maison, puis ils préparent 'l'atelier jardinage' en autonomie.

J'essaie de leur expliquer que je ne peux pas être dérangée quand je suis en réunion et je les exfiltre de la chambre où je bosse. Le plus grand explique à la plus petite. Ça le responsabilise aussi.

J'ai la chance d'avoir un jardin donc ils s'occupent bien en plantant des graines ou en désherbant leur carré potager. Ils créent aussi des 'parcours' rigolos dans la maison ou à l'extérieur. Ça les défoule. Et je leur mets un CD d'histoires par exemple. Ou, quand je craque, un dessin animé. Quant à moi, j'essaie d'avancer au maximum lors des plages les plus calmes. C'est un parcours du combattant !"

Raphaëlle, 32 ans, une enfant, commerciale

"J'ai une fille de 5 ans et demi et, en 2021, la situation est un peu différente par rapport à 2020. Cette année, mon compagnon ne travaille plus, mais il est en formation longue. Il a toujours du travail mais c'est plus souple, la plupart du temps. Quant à moi, j'ai beaucoup plus de travail. Donc cette année, contrairement à la précédente, c'est plutôt le papa qui s'occupe de notre fille.

Il essaye de l'emmener dehors autant que possible - puisqu'au moins cette fois, les parcs sont ouverts, et ils peuvent y rester. Ils vont peut-être en profiter pour se promener dans les grands espaces verts à Paris, plus tard. Avec d'autres parents, nous faisons aussi des 'roulements' où un parent garde 2 à 3 enfants au parc pendant quelques heures. La dernière semaine [d'avril], nous serons tous les deux vraiment très occupés. Comme c'est toléré, nous allons sûrement l'emmener chez mes parents qui habitent dans la région et sont vaccinés tous les deux.

Tout le reste du temps, quand notre fille est à la maison, je travaille avec les écouteurs et Mozart à fond dans les oreilles, pendant qu'elle joue à 2 mètres de moi, assez calmement en général. Je les entends de temps en temps 'faire la classe' (la maîtresse de grande section a laissé quelques devoirs), ce n'est pas évident de se concentrer mais dans ces moments, j'essaye de faire les tâches qui demandent le moins de concentration.

Pendant les appels avec ma cheffe, il faut parfois que je m'interrompe au milieu d'une phrase pour dire 's'il te plaît, tu peux éviter de faire rouler ton camion Pat'Patrouille sur le parquet pendant que je suis au téléphone ?'. Ça amuse mon interlocutrice plus qu'autre chose.

Au bureau, on se montre compréhensif et on me dit que je ferai comme je peux du moment qu'on en parle en toute transparence. Dans les faits, j'ai beaucoup de choses urgentes à boucler - ces mois de printemps 2021 sont mon pire pic d'activité depuis 2 ans - alors je bricole un peu mes horaires, en faisant certaines petites choses dès que je peux, quelle que soit l'heure du jour... ou de la nuit."

Télétravail et garde d'enfants, une certaine vision de l'enfer. © Adobe Stock
Chloé, 42 ans, deux enfants, rédactrice indépendante

"Je suis mère célibataire. Mon ex et moi avons la garde partagée de nos deux enfants. C'est un peu le bordel ! Et surtout, c'est fatigant. J'ai déjà du mal en temps normal, alors...

Le premier a 17 ans, il est en Terminale générale, et le deuxième a 12 ans, il est en 5e. Il a des difficultés, donc je l'aide assez régulièrement. En ce qui concerne mon travail, je découvre aujourd'hui ce que signifie le conjuguer avec les cours et devoirs de mes enfants ; lors du premier confinement, j'avais beaucoup moins de commandes pour mon boulot.

C'est compliqué car j'aime bien travailler sur des plages de 3-4 heures minimum (encore mieux la journée entière), et j'avais pris l'habitude de bosser dans un espace que je loue avec d'autres indépendants. Là, je reste travailler de chez moi, je suis souvent interrompue, et en plus, il faut gérer à la fois le boulot des ados et la préparation des repas du midi. Du coup, je m'y remets le soir entre 21h30 et minuit. En avril dernier, à ces horaires-là, je regardais plutôt des séries et des films avec mon cadet.

Pour qu'ils s'occupent, j'essaie de leur dire de sortir au moins une fois par jour. Heureusement qu'il n'y a plus d'attestation ni de limite de 1km cette fois. Ils n'ont pas du tout envie de faire des sorties avec moi, donc soit ils vont voir des copains en ville, soit ils se mettent devant leurs écrans. J'essaie de limiter bien sûr, mais bon, c'est leur façon d'interagir aussi avec leurs amis qu'ils voient parfois dehors, mais beaucoup plus rarement."

Emeric, 41 ans, deux enfants, Community Manager

"Je pense à deux options pour concilier télétravail et garde d'enfants. La première : les confier aux grands-parents. La deuxième : instaurer des 'tours de garde' avec son conjoint. Chacun s'occupe des petits pendant une heure, pendant que l'autre travaille pendant une heure (ou plus), puis on inverse. Avec une règle d'or : ne restez pas enfermés ! Sortez TOUS LES JOURS.

Plus sérieusement, il n'y a pas de formule magique. Je pense que chacun fait comme il peut. Avant ce confinement, j'avais pris un espace de coworking. Ça représente un budget, mais je suis plus efficace qu'à rester chez moi, entre les mêmes quatre murs qui finissaient par sérieusement me taper sur le système...

Aujourd'hui, la situation provoque une grande lassitude générale combinée à une sensation de 'pas le choix'. Bonne nouvelle : le coworking, ça aide. Quand c'est possible. On n'a sans doute pas encore le recul aujourd'hui pour voir les effets néfastes des confinements, mais psychologiquement personne n'en ressortira indemne. C'est très, très dur."

Télétravailler en faisant l'école à la maison, "un parcours du combattant !" © Adobe Stock
Christine, 30 ans, une enfant, productrice télé

"Je vais le dire comme je le pense : garder un enfant h24, c'est un métier. Pour ce qui est du télétravail avec ma fille de 16 mois, si je dois parler en termes de pourcentage, je dirais qu'on ne peut pas être concentrée à 100 % sur son travail et à 100 % sur son enfant. Il faut plutôt miser sur 80 % sur l'un ou l'autre pendant un moment, puis inversement.

Ce qui est le plus pénible pour moi, c'est quand quelqu'un m'appelle via Zoom, que je suis au parc pour la distraire ou en train de l'endormir. Tu sens que de l'autre côté de l'écran, on te prend pour une feignante, alors que tu fais juste comme tu peux. Ou alors tu passes ton temps à t'excuser parce qu'on l'entend faire du bruit en fond. Et puis le soir, une fois qu'elle est couchée, tu dois ranger, préparer à manger, finir ce que tu n'as pas fini dans la journée, donc tu ne fais pas de pause.

Pour arriver à tout gérer, et à avoir le temps de travailler tant bien que mal, j'ai une astuce qui marche bien. J'enlève tous les magnets du frigo, je les lui mets dans la main et elle les recolle un par un. Ça lui prend 4 minutes, et je recommence plusieurs fois. En tout, cette activité peut la distraire 30 minutes. Je cale également mes réunions Zoom sur sa sieste dès que je peux, et je prétexte le début d'une autre quand j'entends qu'elle se réveille.

Aussi, je lui permets ce que je refuse normalement. Je ne lui ai jamais donné autant de gâteaux, je l'autorise à jouer avec la télécommande qui était jusque-là interdite. Je finis par lui dire "oui" plus souvent. Et je trouve ça assez dangereux, car depuis que je fonctionne comme ça, elle s'est coincée la main dans l'ascenseur, elle est tombée et s'est fait un bleu... Dernièrement, elle a par exemple mis mon téléphone à la poubelle parce que je pense qu'elle en a marre que je passe ma journée dessus. Cette situation n'est pas viable."

Paule, 32 ans, un enfant, cheffe de projet freelance

"J'essaie d'être très organisée dans mes journées. Mon fils de 2 ans se réveille autour de 7h30-8 heures, et je me lève vers 7 heures pour être prête avant lui. On prend le petit-déjeuner, il profite d'un temps calme. Ensuite, j'essaie de le faire participer aux tâches ménagères, les machines, les lits... Puis, vers 10 heures, je fais le point sur mes mails, une to-do list avec les urgences de la journée, le tout pendant une heure. Pendant ce temps-là, je l'installe à une table à côté de moi, en lui créant un espace de jeux avec des gommettes, des crayons de couleurs. De quoi lui permettre de s'occuper seul.

Pendant le confinement, mon conjoint continue de travailler de son bureau, je suis donc la seule à gérer le petit à la maison. Je me suis organisée avec ma belle-mère pour qu'elle le prenne deux après-midis par semaine, afin que je puisse avoir du temps seule. Sinon, j'ai la chance qu'il soit très rythmé. A 13h15, je le mets à la sieste, et à partir de là, je dispose de 2 heures de libre pendant lesquelles je travaille de façon très productive. Je déculpabilise aussi totalement si je dois le mettre devant un dessin animé. Enfin, je me remets sur mon ordinateur de 21 heures jusqu'à 22h30 sur les ce que je n'ai pas réussi à finir la journée.

La situation est compliquée, je trouve. Moi, je suis freelance, si je ne travaille pas je n'ai pas de rentrée d'argent, alors je me suis organisée. Mais je ressens un grand sentiment d'injustice car j'ai l'impression qu'en tant qu'indépendant·e·s, on est un peu les oublié·e·s dans plein de domaines. On prend beaucoup de risques et on n'est pas du tout pris en considération. Et là, j'ai trouvé que c'était le coup de massue. On nous fait comprendre qu'il faut qu'on se débrouille pour gagner sa croûte et garder son enfants en même temps.

Maintenant je dédramatise, je me dis que ce ne sont que trois semaines, que des jours meilleurs sont à venir et qu'il faut penser au positif."

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