Kat, Jane et Sutton sont de retour. Les trois héroïnes de The Bold Type débarquent pour une quatrième saison sur la chaîne ABC, l'occasion de faire le point sur les raisons de binge-watcher la série depuis le début - et d'urgence. Car si le synopsis a des airs de soap romantique vu et revu sur quelques copines et leurs histoires d'amour, il n'en est rien. Le scénario s'étoffe dès la saison 2 pour aborder des sujets qui vont bien au-delà du cliché.
Sororité, sexualités, marginalisation, consentement, chaque épisode met le doigt sur un tabou houleux, sur une conversation nécessaire, sur un débat qui fait écho à notre époque. Et donne les clés pour les adresser du mieux possible. De quoi nous convaincre de se lancer rapidement.
La série prend place à New York, dans la rédaction de Scarlet, un magazine féminin inspiré de Cosmopolitan. On découvre trois amies : Kat (Aisha Dee), Jane (Katie Stevens) et Sutton (Meghann Fahy). Elles ont la vingtaine et espèrent faire leurs preuves au sein du journal. Jusque-là, rien de bien original. Sauf que rapidement, la profondeur des personnages surgit.
Elles ne sont pas uniquement là pour traîner dans le dressing de l'étage, à essayer les robes de créateur en se racontant leurs histoires de coeur. Elles travaillent dur, elles échouent, elles se relèvent. Elles essaient surtout de découvrir qui elles sont, qui elles ont envie d'être, à une époque où l'on oscille souvent entre individualisme et conformisme. Chacune dispose d'un potentiel singulier - et d'un passé familial parfois pesant. Et pourtant, elles choisissent d'unir leurs différences pour apprendre ensemble à grandir, loin des paillettes que semblent promettre le milieu dans lequel elles évoluent. Le fond surpasse la forme, et c'est tant mieux.
Autre argument de taille : dans The Bold Type, les femmes se tirent vers le haut. On pourrait croire, en commençant la série, que les protagonistes vivent dans un monde professionnel utopique où leur cheffe ne trouve rien à redire, ce n'est pas le cas. Jacqueline Carlyle (Melora Hardin) - la boss de Scarlet - suit en réalité un principe qu'il est utile de marteler : la bienveillance. Loin d'une Miranda Priestly du Diable s'habille en Prada qui misait sur l'intimidation, la peur et le jugement pour diriger ses employé·es, Jacqueline nourrit une relation de confiance et les encourage toujours à faire de leur mieux. Elle est juste, offre un soutien sans faille et incarne un rôle-modèle puissant pour les filles. Un rôle-modèle qui les inspirera à soigner leurs relations, aussi.
C'est d'ailleurs entre elles trois que la véritable histoire d'amour s'installe. Entre désaccords et personnalités fortes, elles réussissent à entretenir un lien indéfectible qui les portera dans cette période complexe, à mi-chemin entre la fin de l'adolescence et l'âge adulte. Un lien qui, au fil des saisons, offre au show la voie d'une véritable célébration de l'amitié.
Dans un épisode de la saison 3, Alex Crawford (Matt Ward), l'un des collègues journalistes de Jane, réalise qu'il est au coeur d'un témoignage devenu viral. Une femme qu'il a connue plus jeune vient de publier un papier sur une histoire glaçante. Celle d'un de ses amis qui l'a poussée à coucher avec lui, à force de lui mettre la pression, il y a quelques années. Cet homme, c'est Alex. Au départ, il nie, ne comprend pas pourquoi elle parle de lui comme ça. Et puis, il réalise la gravité des faits et prend ses responsabilités. Il présente ses excuses et confesse à son tour, dans un article qui connaîtra tout autant de succès, ce qu'il a fait. Ou plutôt ce qu'il n'a pas fait : s'assurer que sa partenaire consentait réellement à leur rapport.
Ce passage crucial, juste après le mouvement #MeToo, n'est pas le seul à dénoncer les rouages d'un système patriarcal qui a fait des inégalités son fondement. Le personnage de Kat, métisse afro-américaine, fera ainsi face au racisme ordinaire alors qu'elle distribue des tracts électoraux. Elle s'engagera en politique après avoir découvert que la clinique pour femmes de son quartier - qui permet aux minorités les plus pauvres d'avoir accès à des services de gynécologie, dont l'avortement - est à deux doigts de fermer. Jane sera confrontée aux privilèges dont elle bénéficie grâce au simple fait d'être blanche. Jacqueline témoignera du harcèlement qu'elle a subi, plus jeune. Et avec leurs histoires, on apprend sur les nôtres.
Avoir la vingtaine, c'est aussi découvrir son plaisir. Faire ses armes au lit (ou en dehors) selon ce qui nous excite. Et The Bold Type ne fait pas l'impasse sur ce sujet brûlant. Kat découvre son homosexualité et flirte avec le libertinage, Jane avoue ne jamais avoir connu d'orgasme, avant de prendre le taureau par les cornes en partant à la recherche de sa jouissance. Et toutes les trois promeuvent ardemment les bienfaits de la masturbation féminine, et contribuent à la normaliser. Il n'y a pas de règles, si ce n'est le consentement et la contraception. La sexualité y est amplement abordée, comme part intégrante de la vie d'une femme, et ne s'arrête pas à un rapport hétéro dans une relation sérieuse. Elles, elles la vivent librement. Pour un soir ou plus. Sentiments ou non.
A quelques heures de la saison 4, on attend avec impatience de retrouver les trois héroïnes de la série américaine. Pour rire, pour être émue mais surtout, pour apprécier un show en accord avec son temps, qui n'a pas peur de militer pour l'émancipation des femmes.