On est déjà bien installé dans l'automne. Les températures n'ont pas encore l'air d'avoir assimilé le changement de saison, mais notre esprit, si. Pour celles et ceux qui seraient aussi friands de froid sec, de soirées sous le plaid et de boissons chaudes que nous, un peu de patience, ça va venir. En attendant, une autre raison pour laquelle on aimerait que l'été se casse, c'est pour passer aux fringues d'hiver. Celles qui dorment dans le placard depuis quelques mois. Alors bien sûr, ce sera aussi l'occasion de se racheter de quoi se rhabiller (chienne de vie) - et de manger des pâtes pendant plusieurs semaines après la séance de shopping. Ce qu'il nous faut ? Tout. Des bottes, des jupes, des pantalons, des pulls. Et aussi des robes qui seront faites d'une autre matière qu'un lin transparent ou une soie légère.
Après deux trois recherches en ligne au bureau (c'est vendredi), on tombe sur un modèle qui pourrait nous plaire à nous, et à notre statut de modeuse encore incognito. La robe en python de chez Topshop. Longue mais pas trop, imprimée mais pas fake, manches longues mais pas stricte. Bref, elle nous dit bien.
Oui, mais voilà. Quand on se renseigne un peu plus sur la pièce, le "nous" dans "elle nous dit bien" n'a pas l'air d'être une simple façon de parler. Il semblerait qu'elle ait aussi bien dit à une tripotée d'influenceuses-to-be qui se sont empressées de la poster sur leur Instagram. La preuve en images.
La robe en python est devenue un uniforme au même titre que les 501 de Levi's ou les cuissardes en daim façon chaussettes. En légèrement plus original, certes, mais peut-on encore parler d'originalité quand la moitié des réseaux sociaux la porte ?
Cette robe a été validée par la communauté mode, et ça nous rassure. On n'aurait peut-être pas tenté l'imprimé façon serpent si la tendance n'avait pas pris. Le fait d'oser vestimentairement parlant est toujours plus facile lorsque l'on sait que d'autres l'on fait avant nous. Ce n'est évidemment pas un crime, et même clairement compréhensible. On compatit d'ailleurs beaucoup, étant fière propriétaire de cuissardes chaussettes. Mais c'est un phénomène qui mérite d'être pointé du doigt.
Quand est-ce qu'un vêtement soi-disant particulier, à l'instar de cette robe à imprimé python, se transforme en basique ? La mode, même Haute Couture, souffre-t-elle de la conformité aiguë ? Porter la même chose que tout le monde avec un ou deux détails qui changent est-il devenu notre façon de se démarquer ?
On se souvient des collections de Christian Lacroix dans les années 90 et 2000, qui expérimentait clairement plus que les maisons d'aujourd'hui, avec des tonnes de tulle, d'ornements, d'imprimés et de couleurs. De quoi faire passer Anthony Vaccarello et ses silhouettes simples chez Saint Laurent pour un petit joueur, bien qu'on ne doute pas de son talent. Une question d'époque ou d'ouverture d'esprit qui nous donne des envies de machine à remonter dans le temps.
Alors après, on ne vous interdit évidemment pas de vous procurer cette pièce fendue par deux fois sur le devant. On vous prévient juste que ce serait dommage de croiser votre collègue, votre boulangère et l'instit' de votre petit dernier dans la même tenue. Un peu de singularité, que diable ! Exprimez votre personnalité, sortez du lot, osez miser sur un article différent !
La mode est avant tout faite pour essayer d'autres choses. Et des choses qui peuvent tout à fait coller avec nos envies saisonnières, comme par exemple cette imposante doudoune-robe Moncler qui nous sauvera sans l'ombre d'un doute de nombreux réveils difficiles.
Encombrant, peut-être, mais conformiste, non.