"Permettez-moi de vous parler de mon problème avec les filles (...) Trois choses se produisent quand elles se trouvent dans un laboratoire... Vous tombez amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent". En lâchant ces mots lundi 8 juin lors de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques, le lauréat du prix Nobel de médecine de 2001 a fait bondir l'assistance.
Et pour cause puisque Tim Hunt, invité de marque reconnu mondialement pour ses travaux sur la régulation du cycle cellulaire, n'avait encore habitué personne à ses subtiles analyses des interactions hommes-femmes. Tollé immédiat, scandale face à de tels propos qui ont, en guise de circonstance aggravante, le tort de sortir de la bouche d'un diplomé de Oxford et Cambridge.
Car comment peut-on afficher une telle misogynie après avoir fait honneur à son domaine ? Comme peut-on se montrer aussi bas de plafond quand on a été fait Chevalier par la reine Elizabeth II ? Comment, en somme, tomber si bas quand on a tenté de s'élever si haut ? La nature humaine n'est pas à une contradiction près. Pour preuve, ces autres hommes cultivés qui, malgré leur sérieux et leur rigueur intellectuelle, n'ont pas pu s'empêcher de lâcher une réflexion sexiste en public.
Lors d'une session parlementaire en 2011, le Premier ministre britannique s'adressait aux députés, nombreux à manifester leur mécontentement. Parmi eux, Angela Eagle, secrétaire au Trésor. David Cameron n'a pas hésité à lui lancer : "Calm down dear and listen to the doctor ", autrement dit "calme-toi, chérie et écoute le docteur".
Contrairement à son confrère scientifique Tim Hunt, Matt Taylor n'a pas tenu de propos sexistes en public. Il faut dire que la chemise qu'il arborait au moment de l'atterrissage du robot Philae sur la comète "Tchouri", le 11 novembre 2014, parlait pour lui. Sur le vêtement du sérieux spécialiste, des pin-up court vêtues, dont les poses suggestives et les yeux de biche n'avaient rien d'une référence à l'exploit scientifique du jour. "J'ai choqué beaucoup de gens et j'en suis désolé", a avoué plus tard Matt Taylor, précisant qu'il s'agit d'un modèle unique.
S'adressant à François Hollande au sujet de la réforme du collège, Jean D'Ormesson a publié le 10 mai 2015 une lettre dans le Figaro. L'homme de lettres y décrit la ministre Najat Vallaud-Belkacem comme celle qui "défend [la réforme] avec sa grâce et son sourire habituels". On imagine mal l'immortel utiliser les mêmes termes s'il s'était agi d'un homme.
A l'occasion d'un récent déplacement au Bangladesh, le Premier ministre indien a eu quelques mots bienveillants à l'égard de Sheikh Hasina, son homologue féminin local. "C'est réconfortant que la Première ministre du Bangladesh, même si c'est une femme, dise ouvertement qu'elle a une tolérance zéro pour le terrorisme". Bravo à elle, elle s'en sort vraiment pas mal... pour une femme.
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangère et du Développement international, ancien président de l'Assemblée Nationale et député, ancien premier secrétaire du PS, diplômé de Sciences Po et l'ENA
En 2007, Ségolène Royal annonçait sa candidature à l'élection présidentielle. Laurent Fabius avait alors dit tout le bien qu'il pensait de sa camarade socialiste : "Mais qui va garder les enfants ?", s'était-il interrogé. A l'issue des primaires organisées par le PS, l'actuelle ministre de l'Ecologie sortait vainqueur du scrutin, devant DSL et Laurent Fabius.