Nina Dos Santos (CNN International) : Vous possédez 120 magasins, vous êtes présente dans des milliers de grands magasins, à travers des concessions et des accords de licences. Votre entreprise compte 2 000 employés dont 80% sont des femmes, et vous comptez encore vous développer ?
Tory Burch : Il s’agit d’une évolution naturelle au fur et à mesure que nous nous développons dans différents coins de la planète. Nous allons nous agrandir, c’est comme ça. Cela ne signifie pas que nous allons changer d’identité.
N.D.S. : Décririez-vous votre entreprise comme étant votre quatrième enfant ?
T.B. : Absolument. C’est comme un enfant que j’aurais eu sur le tard. J’ai commencé quand j’avais 37 ans, au moment où mes garçons avaient commencé à aller à l’école. J’avais alors le temps, et je savais que travailler était très important à mes yeux. Je souhaitais imaginer ce que pourrait devenir mon travail, et c’est devenu cette entreprise.
N.D.S. : Tory Burch, votre nom est devenu une célèbre marque aujourd’hui. Vous figurez dans le classement établi par Forbes des milliardaires à travers le monde, avec une fortune estimée à 1 milliard de dollars. Est-ce-que vous êtes fière de votre accomplissement ?
T.B. : Pas vraiment, non. Je suis heureuse. Lorsque je pense à ma vie, je me sens vraiment chanceuse, mais je me suis toujours sentie chanceuse. C’est une aventure à laquelle je n’aurais jamais imaginé participer. Je suis heureuse de pouvoir partager cette expérience avec mes nombreux collaborateurs, car on travaille tous ensemble dans mon appartement. Et on est tous excités aujourd’hui à l’idée de continuer à évoluer.
T. B. : Tout le monde m’avait conseillé de ne pas me lancer dans la vente au détail. Je pense qu’il est plus classique de vendre ses produits dans un grand magasin et d’être présent sur un seul secteur. Mais pour nous, lorsqu’on a lancé la boîte, ouvrir un magasin et vendre douze produits différents avait plus de sens. De cette manière, les clientes pouvaient donc se faire immédiatement une idée d’ensemble de ce que nous essayions de faire. Je suis vraiment fière de cette entreprise, on a partagé de très beaux moments et de merveilleux succès. Cela dit, nous ne cessons jamais de penser à l’avenir. Nous ne nous arrêtons jamais pour nous auto-congratuler. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers.
T.B. : Notre fondation n’est pas une association caritative, son but est d’aider les femmes à s’accomplir. Je trouve ce projet inspirant. Je rencontre ces femmes entrepreneuses qui sont pour la plupart du temps des mères célibataires. Elles élèvent leurs enfants, ont deux emplois et lancent leur entreprise, tout cela en même temps. Elles ont beaucoup à faire.
N.D.S : Dans un de vos discours à l’Université de Stanford, vous avez dit que les femmes devraient être aussi ambitieuses que les hommes et devraient en être fières. Il y a-t-il des clichés associés aux femmes ambitieuses ?
T.B. : Oui, je pense qu’il y en a et qu’il y en a depuis toujours. J’ai grandi avec trois frères avec des parents qui nous ont tous encouragé de manière égale. Je n’avais jamais imaginé que les filles pourraient avoir à relever plus de défis que les garçons. Et c’est quand je me suis mise à travailler que j’ai constaté ce contraste.
N.D.S. : Qui vous a le plus influencé ? Avez-vous eu un mentor en particulier ?
T.B. : Tant de personnes ont contribué à mon succès. Mes parents et ma famille m’ont vraiment aidée à relever mes défis, et à toujours rester modeste sans jamais me dire « Oh mais quel succès j’ai ! ». Cela ne fait pas partie de mon langage.
T.B. : C’était le début de ma carrière dans la mode. J’en suis vraiment tombée amoureuse.
N.D.S. : Il semble que vous ayez vécu un divorce douloureux, en partie car votre ex-mari était aussi le co-fondateur de la compagnie. Cela s’est arrangé il y a à peu près deux ans, mais comment cela vous a-t-il affecté personnellement et comment cela a-t-il pesé sur votre entreprise et votre vision ?
T.B. : Je devais rester forte pour mes enfants mais aussi pour mon entreprise. Je l’ai appréhendé comme un défi. Lorsque je suis face à un défi, je suis plus concentrée. Mon objectif était de régler cette affaire au plus vite. C’est ce qui est arrivé. Nous sommes en bons termes à présent, et avons six magnifiques enfants que nous aimons. Nous avons tourné la page. Je suis heureuse que nous ayons laissé tout cela derrière nous.
N.D.S. : Et qu’avez-vous en tête pour votre compagnie ?
T.B. : Vous savez, sur beaucoup de points je pense que nous ne sommes qu’au commencement. Nous avons connu une croissance extraordinaire. Nous sommes une grande entreprise présente depuis 2004 mais qui n’a pas encore exploré les marchés asiatiques et européennes. Nous y voyons beaucoup de potentiel, ainsi que dans d’autres parties du globe et même en Amérique du Nord. Nous voudrions que cette croissance soit organique. Il s’agit d’un travail de recherche, de patience mais nous devons aussi trouver les opportunités.
N.D.S. : Vous avez des regrets ?
T.B. : Aucun, je n’ai pas de regrets. Beaucoup de défis, mais aucun regret.
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