La passion de Marion Hérault-Garnier pour le cyclisme lui est venue "naturellement, dit-elle. Son père était sonorisateur sur les courses cyclistes de vélo et elle a immédiatement été happée par cette discipline. De fil en aiguille, elle est devenue la première speakeure du Tour de France. "Surtout pas 'speakerine'", insiste-t-elle avec un large sourire. Au départ comme à l'arrivée, elle distille petites anecdotes et infos pointues sur les coureurs et coureuses, et transmet son énergie communicative au public.
Cette année, elle n'a pas été au micro du Tour, mais se retrouve aux premières loges, sur une moto, pour commenter l'enthousiasmant Tour de France Femmes, du 24 au 31 juillet 2022, en tant que consultante pour France Télévisions. Pour Terrafemina et Adecco, Marion Hérault-Garnier revient sur son parcours hors normes et sur son statut de pionnière.
Marion Hérault-Garnier : J'ai juste un bac scientifique et un BTS en management en poche. Mon école, c'est celle du terrain. A 17 ans, j'ai eu l'opportunité de commenter des courses d'athlétisme puis en 2015, mes premières courses de vélo, qui est mon sport de prédilection. Ensuite, j'ai gravi les échelons petit à petit.
M. H-G : J'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment qui m'ont donné ma chance. Je suis la première et toujours la seule speakeure femmes dans le milieu du cyclisme. J'ai commencé par un remplacement au pied levé d'un speaker alors que je faisais partie de l'organisation dans la course du Chrono des Nations-Les Herbiers-Vendée. Je n'ai pas eu le temps de stresser car c'était 30 minutes avant le départ. J'en rêvais depuis des années.
Et après, ça a très vite décollé. J'ai commencé à bosser pour la Fédération française de cyclisme pour les championnats de France en 2015. Et dès 2017, j'ai intégré Amaury Sport Organisation (ASO) pour commenter le Critérium du Dauphiné et le Tour de France.
M. H-G : Je commente la course, j'informe le public. Au bord des routes, on trouve un public de passionnés et Monsieur et Madame tout le monde qui se sont retrouvés là par hasard. On présente les coureurs, les partenaires, on commente l'arrivée, le podium, la caravane publicitaire. On est dans un rôle d'animation, d'information, de commentaires sportifs...
M. H-G : Très bien. C'est vrai que c'est un milieu d'hommes avec beaucoup d'hommes aux différents échelons de l'organisation mais je retiens le côté très bienveillant. Quelques-uns ont pu faire quelques petites remarques sexistes ou déplacées mais c'était minoritaire.
M. H-G : Enfant, j'étais inspirée par Daniel Mangeas qui a été la voix du Tour de France pendant plus de 40 ans. C'était la seule référence en France et j'ai la chance de travailler régulièrement avec lui aujourd'hui. Et à la télé, j'adorais Marion Jollès Grosjean. Elle fait partie des femmes qui m'ont inspirée.
Les femmes dans le sport prennent de plus en plus de place, notre voix porte de plus en plus et j'espère pouvoir à mon tour inspirer des petites filles. J'en serai très fière.
M. H-G : En règle générale, sur le Tour, cela va de 3 à 4 heures au départ et 3 et 4 à l'arrivée. On peut aussi laisser un peu de musique, laisser les gens respirer car il ne faut pas noyer les gens dans un flot de paroles. Cela permet aussi de ne pas s'épuiser. Et puis on travaille souvent en binôme, du coup, c'est comme une espèce de dialogue avec le collègue, c'est moins fatigant.
M. H-G : C'est une préparation tout au long de l'année. Il faut suivre les résultats de toutes les courses et de tous les coureurs et coureuses. Et juste avant, je révise. Je me fais des fiches, comme si je préparais le bac ! Sur chaque coureur, je note le palmarès mais j'essaie d'aller chercher la petite anecdote qui peut être pertinente pour le public. Et je bosse aussi les parcours, parce qu'on essaie de mettre en valeur les villes étapes qui accueillent les courses.
M. H-G : Comme un chanteur ou une chanteuse, la voix, on l'a ou on ne l'a pas. On peut travailler l'intonation. J'ai fait du chant quand j'étais plus jeune mais je ne fais pas de vocalises dans ma salle de bain tous les matins. C'est en commentant qu'on devient speakeure ! (rires) Et puis il faut rester soi-même et amener son petit plus : mon côté "atypique", c'est le fait que je suis une femme, puisqu'il n'y en a pas d'autres.
M. H-G : Le matin, je suis sur le village-départ. On prend la température auprès des équipes, des coureuses, des managers, des directeurs sportifs... On fait de petites interviews. Et puis il y a deux heures trente de direct tous les jours. C'est là que je troque le micro d'avant-course contre le casque de moto pour faire vivre ce direct aux téléspectateurs en tant que témoin privilégiée. C'est la meilleure place qui soit car on est au plus près des concurrentes sans donner un coup de pédale. (rires)
M. H-G : Parce que c'est le premier de l'ère professionnelle. Même dans les années 2010, les coureuses professionnelles n'avaient pas le salaire, le statut. La réforme de l'UCI date seulement de 2020. Aujourd'hui, les coureuses peuvent prétendre à un vrai salaire, à un congé de maternité, des indemnités de maladie... Comme des salariées classiques, donc.
Et puis c'est une nouvelle formule : il s'agit d'un Tour de France à part entière, pas juste en lever de rideau des hommes. Cette année, les coureuses ont leur semaine à elles et le niveau a considérablement augmenté. Il y a de vraies athlètes qui vont devenir des figures de références. On parle aujourd'hui des championnes du passé comme Jeannie Longo, Maria Canins, de Pauline Ferrand-Prevot. Mais le public va pouvoir se familiariser avec de grandes championnes comme Marianne Vos qui cumule plus de 280 victoires et a l'un des plus beaux palmarès hommes et femmes confondus. Et puis on a des coureuses françaises de talent comme Evita Muzic et Juliette Labous, entre autres.
Ce sera un grand moment d'histoire, on l'a vu avec le premier Paris-Roubaix féminin : les audiences étaient exceptionnelles, il y a eu un véritable engouement. Il faut soutenir ce Tour de France Femmes, être au bord des routes, allumer sa télé et de participer à cette belle aventure.
M. H-G : J'ai été la speakeure de la première édition du Paris-Roubaix femmes en 2021 justement. C'était un rêve d'enfant de commenter cette course, surtout que là, c'était les femmes. Cette arrivée dans le vélodrome André Pétrieux, cette ambiance si particulière et ce sentiment de participer à un moment historique, cela en fait un souvenir à part. Dans quelques décennies, je me vois bien dire à mes petits-enfants : "J'y étais". Je pense que ce premier Tour de France Femmes sera également un grand souvenir.
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Pour cette cinquième année, Adecco met également tout son savoir-faire au service du Tour de France Femmes avec Zwift, cette nouvelle course qui s'annonce historique pour le cyclisme féminin.