"Ley trans", c'est le nom d'une proposition de loi espagnole qui clive fortement, du côté de l'opinion comme des partis politiques. La "loi transgenre", dont les derniers amendements seront discutés au Parlement le 7 novembre prochain, autoriserait toute personne à procéder à un changement d'identité de genre dès l'âge 16 ans, sans nécessiter l'autorisation de quiconque. Et sans diagnostic médical ou psychologique préalable, ou traitement hormonal.
Une initiative soutenue au sein du gouvernement, notamment par les représentants du parti Podemos (à l'origine de cette loi), qui portent ce projet depuis quatre ans, mais qui divise davantage les socialistes. Et pas seulement. Comme le relate effectivement le média international RFI, une enquête de l'institut de sondage Sigma Dos affirmerait que 65% des Espagnols estiment ce nouveau droit "problématique".
Mais d'autres au contraire voient là une forme de reconnaissance tant attendue des droits des personnes transgenres au sein de la société. Ainsi la ministre espagnole de l'égalité, Irene Montero, avait privilégié dès la présentation de cette loi un trait d'optimisme : "Les personnes trans cesseront enfin d'être considérées comme malades en Espagne".
"Il était temps !", s'est à l'unisson réjouie la présidente de la Plataforma Trans, et militante pour le respect des droits des personnes transgenres, Mar Cambrollé, percevant là une reconnaissance des personnes concernées, "jusqu'ici stigmatisées comme étant des malades mentales, discriminées, marginalisées", recueille Libé. Du côté des associations, l'humeur est positive. D'autant plus dans un système où la transphobie n'est pas rare.
Dans le pays cependant, certaines voix en appellent au débat concernant cette loi. Ainsi l'autrice Rebeca Gonzalez juge la barrière des 16 ans trop immédiate, relate RFI. Elle déclare : "Une petite personne de 16 ans doit essayer de se connaître, de s'aimer de l'intérieur vers l'extérieur, de ne pas faire de grands changements brusques dans sa vie". "La communauté LGBT a bien trop attendu. Il s'agit de leur donner des droits, et d'en enlever à personne d'autre", soutient cependant Irene Montero.
Comme elle, le secrétaire du Programme du conseil de coordination de Podemos Pablo Echenique voit là une manière de défendre "une population marginalisée, dans l'ombre, qui vit mal". Notamment dans une société, rappelle Libération, où 83 % des mineurs trans auraient déjà "pensé au suicide" et 43 % déjà fait une tentative. Alors que les débats perdurent en Espagne, il faudra encore attendre le 18 novembre pour voir le texte définitif de cette loi approuvé.