Carissa Pinkston est une mannequin américaine âgée de 20 ans. Signée sous l'agence Elite Models, on l'a aperçue dans les campagnes Savage x FENTY, la marque de lingerie de Rihanna. Mais ce n'est pas pour sa carrière qu'elle fait aujourd'hui parler d'elle. Récemment, elle a publié de nombreux tweets transphobes sur Facebook, sous le pseudonyme de Rissa Danielle. Des statuts qui ont rapidement été supprimés, mais que de nombreux·ses internautes ont relayé sur Twitter.
Dans l'un d'entre eux, on peut lire : "Etre transgenre ne fait pas de vous une femme. Cela fait de vous un simple transgenre", ou encore que les personnes transgenres "veulent être perçues" comme masculins et féminins, mais que dans le "contexte biologique il y a des Hommes et des Femmes" - sous entendu que ce n'est pas leur cas et qu'ils et elles ne sont ni hommes, ni femmes, quelque soit la transition par laquelle ils et elles sont passé·es.
Alors que ses déclarations ont rapidement attiré les foudres de nombreux·ses abonné·es, elle a poursuivi sur sa lancée, tapant une énième sortie sordide : "Je veux vraiment revenir sur mon commentaire sur les trans parce que si eux peuvent dire qu'ils sont des femmes, alors je peux récupérer ma virginité". Certain·es internautes qui ont pu lire les posts au moment où Carissa Pinkston les a mis en ligne, assurent qu'elle aurait aussi lié les femmes transgenres aux pédophiles, comme le rapporte Paper.
Effarée par ces propos, l'agence Elite Models a décidé de se séparer de la mannequin, mettant ainsi fin à son contrat. Effondrée, l'intéressée a réagi immédiatement en ligne - mais pas de la façon dont on aurait pu l'attendre. Elle a en effet posté un message assurant que si elle avait fait toutes ces remarques transphobes... c'est simplement parce qu'elle était transgenre elle-même.
"Je n'étais pas encore prête à le faire, mais aujourd'hui, j'ai été congédiée et je reçois des lettres de haine et des menaces de mort, alors je suis forcée de dire la vérité ", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. "Je suis transgenre. J'ai fait ma transition à un très jeune âge et j'ai vécu ma vie de femme depuis. Cela a été très difficile de garder ce secret, mais ce que j'ai dit à propos des femmes transgenres est un reflet direct de mes insécurités et j'ai réalisé depuis que je suis une femme. NOUS LE SOMMES TOUTES !"
Manque de bol, si plusieurs personnes ont commencé à croire à ce retournement de situation, une de ses amies n'a quant à elle pas avalé un mot de son histoire ubuesque. Aleece Wilson, mannequin également, a ainsi commenté sa tirade d'un simple : "C'est terrible et dégoûtant que tu mentes à des milliers de personnes".
Même réaction pour Aaron Philip, mannequin noire et transgenre en fauteuil roulant, qui a retweeté le message de Carissa Pinkston en ajoutant ces mots : "Imaginez être une mannequin qui a été exposée pour avoir été une transphobe enragée / dit une merde extrêmement transphobe par le passé et puis MENTIR SUR LE FAIT D'ÊTRE TRANSGENRE EN LIGNE POUR TENTER DE SAUVER VOTRE CARRIÈRE... ? Je connais cette personne dans la vraie vie et elle est totalement CISGENRE".
Si on avait encore un doute sur la véracité des paroles de Carissa Pinkston, elle y a vite mis un terme. "Je m'excuse pour toute remarque transphobe que j'ai faite à l'égard de la communauté trans", a-t-elle écrit dans un nouveau post en ligne. "J'ai paniqué et j'ai pensé que si je faisais un coming out comme trans, je pourrais améliorer les choses, mais il semble que je n'ai fait que les empirer. Je suis vraiment désolée. Je n'ai que 20 ans et je suis humaine. Je fais des erreurs mais je refuse de les laisser me définir. J'espère que vous pourrez tous me pardonner et passer à autre chose parce que je suis bien plus que cet incident et que je ne suis pas une lâche."
Une "erreur" qui ne devrait en aucun cas être prise à la légère. Aujourd'hui plus qu'avant, la transphobie tue. Entre le 1er octobre 2017 et le 30 septembre 2018, on recense ainsi 369 personnes trans tuées dans le monde, selon Transgender Europe TGEU, dont la grande majorité au Brésil (167). Pour soutenir et sensibiliser à la cause transgenre, une journée a été dédiée à la commémoration de ces crimes et des violences faites à la communauté : le 20 novembre.