Vous avez l'habitude de consulter votre boîte mail pro chez vous le soir, de bosser vos dossiers urgents le week-end ou de répondre aux appels de votre supérieur hiérarchique même lorsque vous êtes « off » ? Arrêtez tout ! Selon une étude parue en septembre dans la revue médicale Chronobiology International, ne pas décrocher du boulot une fois rentré chez soi aurait un impact néfaste sur la santé des salariés.
Menée auprès de 57 000 actifs de l'Union européenne, l'étude s'est intéressée de près à la relation entre nos habitudes de travail et le développement des technologies de l'information et de la communication. Les chercheurs ont notamment comparé les interactions professionnelles (via les smartphones, les tablettes et les ordinateurs) et les missions réalisées hors des heures de travail, avec les problèmes de santé lié au travail.
La conclusion de l'étude est sans appel. « Nos résultats indiquent que même une petite quantité de travail supplémentaire en dehors des heures convenues par contrat peut conduire à des problèmes de santé. La corrélation est très forte », affirme Anna Arlinghaus, coauteure de l'étude. Troubles cardiovasculaires, musculo-squelettiques, gastro-intestinaux, troubles psychologiques… Les pathologies liées au travail en dehors des heures de bureau sont variées.
Comment expliquer cette dégradation de santé des salariés ? Pour les auteurs de l'étude, c'est l'impossible déconnexion des travailleurs qui en est la source. Constamment reliés à leurs obligations professionnelles via leur smartphone ou leur ordinateur portable, il leur est de plus en plus difficile de maintenir une frontière nette entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Le nom du phénomène ? Le « blurring », de « blur », « flou » en anglais.
« Certains employés peuvent se sentir obligés d'être disponibles à tout moment et n'importe où, et de travailler en dehors de leurs horaires classiques pour répondre à la charge de travail et donner une chance à leur évolution de carrière », expliquent les chercheurs.
Comment alors éviter aux salariés de friser le burn-out ? Si pour les chercheurs, « changer la culture de l'entreprise » et réduire les charges de travail supplémentaires est une nécessité, il faut aussi changer les mauvaises habitudes des employés qui ont du mal à décrocher. Quitte à bannir, pourquoi pas, les e-mails et les coups de fil pro en dehors des heures de travail, comme le préconisait en décembre dernier le syndicat allemand IG Metall.