Sur une première photo, on voit une petite fille tenant une banderole faite maison sur laquelle on peut lire les mots russes "non à la guerre", écrits au crayon de couleur. A côté d'elle, une autre enfant, qui semble avoir pleuré, détaille The Independent, porte un bouquet de fleurs.
Dans une deuxième image, on voit cette dernière contre les barreaux de ce qui semble être un fourgon de police moscovite, tendre la main à sa mère. Puis, on la voit assise sur une chaise à côté d'un bureau, tandis qu'une femme en uniforme travaille sur un ordinateur en arrière-plan.
Selon l'anthropologue Alexandra Arkhipova, qui travaille à l'Académie présidentielle russe de l'économie nationale et de l'administration publique et a assisté à la scène, cinq enfants âgés de sept à onze ans ont été détenus avec leurs deux mères.
"Les téléphones ont été enlevés aux parents, il n'y a plus de communication, ils crient sur les parents, menaçant de priver les droits parentaux", écrit-elle sur Facebook, désespérée, ce mardi 1er mars, date de l'arrestation. "C'est pourquoi nous avons besoin de l'aide de la communauté, nous avons besoin de celle des journalistes et des militants des droits humains". En plus des photos et de son texte d'alerte, elle a publié une vidéo de l'une des mères tenant la main de sa fille en pleurs à travers des barres métalliques, alors qu'elle tente de la consoler.
La mère explique à l'enfant que leurs familles ont été interpellées parce que "le but est que moins de gens se rassemblent et disent qu'ils sont contre la guerre", affirme le Moscow Times. D'après Alexandra Arkhipova, les forces de l'ordre les auraient libéré·es quelques heures plus tard. Les parents encourent désormais un procès et une amende pour des charges non précisées.
Le député d'opposition russe Ilya Yashin, qui a également partagé les images sur Twitter, lâche, visiblement écoeuré : "Rien d'extraordinaire : juste des enfants dans des fourgons de police derrière une affiche anti-guerre. C'est la Russie de Poutine, mes amis. Vous vivez ici."
Il se souvient avoir dessiné des affiches anti-guerre aux côtés de ses camarades de classe à l'école, ajoutant : "Des enfants contre la guerre, c'est sacrément normal. Les enfants devraient absorber les idées anti-guerre avec le lait maternel. Et maintenant, c'est égal à l'extrémisme", déplore-t-il.
Ces derniers jours, au moins 6 500 personnes auraient été arrêtées en Russie lors des manifestations contre l'invasion ukrainienne, précise le journal britannique. En tout, plus les mobilisations se seraient déroulées dans plus de 100 villes du pays dirigé par Vladimir Poutine.