En décembre 2012, Jyoti Singh Pandey (appelée Nirbhaya par la presse pour protéger son identité, ndr), une jeune étudiante de 23 ans mourait après avoir été violée à l’arrière d’un bus de New Delhi par six hommes. Ce fait divers atroce avait suscité une émotion sans précédent en Inde, ainsi que dans le reste du monde. Les coupables ont depuis été jugés et condamnés à la peine de mort par pendaison tandis qu’un débat national au sujet des agressions sexuelles a été lancé dans le pays.
Un an et demi après ce viol collectif, voilà que Raj Shetye, un photographe de mode indien a eu l’idée tordue de s’en inspirer pour une séance photo. Sur cette série de clichés intitulée « Le mauvais tournant », on voit une jeune femme portant des vêtements haute couture en train de se faire harceler par des hommes dans un bus. Ceux-ci la regardent d’un air lubrique, la jettent à terre ou la maintiennent de force entre leurs bras. L’ensemble de ces photos de mode est aussi esthétisant que choquant.
Photo series “#TheWrongTurn” has been criticised for glamorizing #gangrape. What do you think? #Photography http://t.co/4oU13IaYxx
— TARSHI (@tarshingo) August 6, 2014
Face à la polémique que n’ont pas manqué de provoquer ces images en Inde, Raj Shetye a jugé bon de se justifier auprès du site américain Buzzfeed. Ainsi, le photographe s’est défendu d’avoir tenté de « glamouriser » le viol collectif de Jyoti Singh Pandey en expliquant qu’il avait cherché à faire réfléchir les gens. « Mon but est de faire de l’art afin de faire réagir les gens », a-t-il déclaré benoîtement. Qui plus est, « l'artiste » en question prétend avoir eu l’heureuse idée avant cette agression infâme qui a créé une onde de choc dans tout le pays. Tout serait donc affaire de coïncidence…
Il suffit pourtant de regarder un instant les photos tirées de cette séance pour constater la volonté manifeste du photographe d’esthétiser au maximum une situation qui serait déjà glauque sans cette référence au sort tragique de la jeune étudiante en décembre 2012.
Si la mode est connue pour sa tendance très limite à « glamouriser » des scènes de violence ou de torture dans le seul but de choquer, Raj Shetye est allé encore plus loin dans l'outrance… Les internautes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont violemment critiqué les justifications pour le moins oiseuses du photographe qui a dû finalement retirer ses photos.
Photog #RajShetye's claims he started a conversation. About what?! Was there a dearth of discussion on #Nirbhaya. That's just bull....
— NamrataKilpadyMishra (@Namratakilpady) August 6, 2014
Photographer #rajshetye thinks he's helping women's awareness by reproducing rape scenes for @vogue_italia #misogyny http://t.co/BlBV1hrV8t
— TFK (@Traiced) August 6, 2014
Loin de présenter ses excuses pour ces images affligeantes, Raj Shetye a fait ce commentaire dont la suffisance, ou a bêtise, au choix, laisse sans voix : « Je suis satisfait de mon travail car son impact a été tel que j’ai pu apporter un éclairage à son sujet. Je ne suis pas heureux, mais satisfait, car j’ai réussi à communiquer ce que je voulais communiquer ».
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