Le quotidien sportif L'Équipe a illustré sa Une ce lundi (26 mars) par une enquête choc. "Ce n'était pas que des petites gifles, mais des coups de poing dans le ventre, sur le visage, partout...", peut-on lire sur la première page du journal, qui reprend un extrait du témoignage de Miriam (le prénom a été modifié). Cette jeune femme raconte comment elle a subi les violences physiques et sexuelles de son ex-compagnon, un footballeur encore en activité. "Je vous ai contactés parce que j'ai peur qu'il finisse par tuer quelqu'un", a-t-elle expliqué au quotidien.
Aujourd'hui séparée du sportif, qu'elle appelle "Monsieur" dans son témoignage, Miriam raconte au quotidien toute sa relation, de la rencontre à la rupture. Il y a 4 ans, Miriam vivait en Afrique. C'est là-bas qu'elle fait la connaissance de "Monsieur", venu jouer dans son pays d'origine. Celui-ci ne tarde pas à lui proposer de la rejoindre en France. Il l'aide à obtenir ses papiers, puis lui propose de vivre avec lui. "Au début, il était adorable. Mais dès qu'on a habité ensemble, j'ai vu qu'il n'était pas très stable et qu'il était vraiment violent", explique Miriam.
La suite tourne au véritable cauchemar : entièrement dépendante de lui financièrement (il refusait qu'elle travaille), Miriam se retrouve à la merci d'un homme impulsif et violent qui la frappe "au moins 3 fois par mois" et la violente sexuellement. Elle essaie de le quitter à plusieurs reprises et de porter plainte contre lui, mais à chaque fois, se ravise. "Je refusais toujours de porter plainte parce que j'étais très amoureuse de lui et que je voulais le protéger lui, et son football."
Alertés par les cris, les voisins avaient pourtant appelé la police à plusieurs reprises, explique la jeune femme. "Mais, dans cette ville-là, ils [les policiers] sont très accommodants. Ils me demandaient toujours mon autorisation pour embarquer 'Monsieur' et comme je disais toujours non, ils me répondaient : "La prochaine fois, on l'embarque."
En novembre 2015, Miriam décide de fuir pour de bon... mais apprend dans la foulée qu'elle est enceinte. La mère de son compagnon- ainsi que sa propre mère- parviennent à la convaincre de renoncer à porter plainte et de rester avec lui. "Vous allez avoir un enfant, peut-être qu'il va changer", s'entend dire Miriam, qui décide finalement de rester à ses côtés. Mais la vie avec le footballeur s'avère pire que jamais. Un jour, elle apprend que son compagnon a été arrêté par la police parce qu'il avait tabassé son ex-compagne, mère de son premier fils, à qui il rendait régulièrement visite "pour voir le petit". Elle comprendra quelques temps plus tard que "Monsieur" menait en fait une double vie.
Malheureusement, le calvaire de Miriam ne s'arrête pas là. Persuadé qu'il n'est pas le père de l'enfant, son compagnon la chasse de chez lui. "Quand j'ai ouvert la porte 'Monsieur' était là, avec la mère de son fils et un copain. Il était là pour me mettre à la porte de l'appartement. Là, il a foncé sur moi et a commencé à me tabasser (...) Je lui criais, 'tu vas tuer l'enfant !'. Mais il me répondait : 'je m'en fiche, c'est pas le mien.'(...) Quand ils sont partis, une ambulance m'a emmenée à l'hôpital. À mon retour, le lendemain, il avait mis toutes mes affaires dans des sacs poubelles et déchiré tous mes papiers. Moi, je ne connaissais personne et j'allais accoucher dans un mois", raconte la jeune femme.
Aujourd'hui, l'enfant de Miriam va bien. Sa maman envisage de rentrer chez ses parents, en Afrique. Elle a renoncé à porter plainte contre son ex-compagnon, ainsi qu'à entamer une procédure judiciaire afin pour qu'il reconnaisse l'enfant. "Je parlerai peut-être un jour à un juge. Mais j'ai peur pour mon fils et moi parce qu'il est vraiment dangereux", a-t-elle confié à L'Équipe. "Aujourd'hui, je réalise que j'aurais pu mourir", a-t-elle ajouté.
Selon un rapport dévoilé vendredi 1er septembre 2017 par le Ministère de l'intérieur, le nombre de femmes tuées par leur conjoint continue d'augmenter. En 2016, 123 ont trouvé la mort. En moyenne, une femme succombe tous les trois jours aux coups de son partenaire. Toujours d'après le rapport, 4 femmes sur 5 victimes de violences physiques et sexuelles au sein du couple ne portent pas plainte.