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"La claque", 22 femmes chantent les violences conjugales pendant le confinement
Publié le 12 juin 2020 à 15:45
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Il y a toujours une très grande violence psychique, une manipulation qui explique le silence, et même une responsabilité qui est retournée". Avec "La Claque", l'artiste musicale Chloé Birds fait résonner les voix de 22 femmes pour dire la réalité des violences conjugales.
"La claque", une vidéo qui donne la voix au violences conjugales. "La claque", une vidéo qui donne la voix au violences conjugales.© Youtube
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"Il y a une vérité universelle, applicable à tous les pays, cultures et communautés : la violence à l'égard des femmes n'est jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable". Cette citation forte du Secrétaire des Nations Unies Ban Ki Moon donne le ton. Elle introduit une vidéo pour le moins percutante : "La claque", clip musical imaginé par l'artiste grenobloise Chloé Birds, et chorégraphié par Tania Ivanovna. Une vidéo de trois minutes qui marque par sa justesse et son discours.

Que chantent donc les vingt-deux interprètes féminines de cette performance ? Et bien, les phrases si banales hélas qu'énoncent les conjoints et agresseurs coupables de violences conjugales. On tend l'oreille : "Ça ne me ressemble pas", "J'ai pas voulu", "Je ne sais pas ce qui m'a pris", "Plus jamais, je te promets", "Pardonne moi si je t'ai déçue", "Tout à l'heure j'étais pas moi", "Des excuses mon amour", "Mes plombs ont sauté"...

Au fur et à mesure des mots prononcés ("Fallait pas me dire ça, t'es un peu bête parfois"), une inversion de la culpabilité se devine dans les paroles du conjoint. Ce dernier prend ses excuses pour argent comptant et exige de sa compagne qu'elle "passe l'éponge". Un résumé ô combien glaçant du phénomène de l'emprise.

Diffusée quelques semaines après la fin du confinement, période qui a vu les violences faites aux femmes dangereusement augmenter en France, la création de Chloé Birds devrait être mise sous tous les yeux.

"Cette chanson mérite d'être comprise"
© YouTube

"Magnifique, bravo pour l'engagement de toutes et pour toutes". "Bravo Chloé ! Très réussi... Et très émouvant". "Cette chanson mérite amplement d'être écoutée et comprise". Les compliments s'alignent dans les commentaires de cette vidéo déjà visionnée plus de quatre mille fois. Et on comprend largement pourquoi. A travers les paroles lyriques et visages (captés face-caméra) de femmes anonymes de tout âge, sans oublier cette chorégraphie saisie dans la pénombre, l'artiste englobe la teneur tragiquement actuelle d'une véritable "pandémie fantôme".

Du côté de France 3, la comédienne et réalisatrice Laurine Bauby nous raconte la force de cette vidéo au concept unique : "Cette idée que des femmes chantent des paroles d'hommes, c'est très fort ! On a toutes déjà entendu ces phrases, ces promesses, ces excuses... Il y a toujours une très grande violence psychique, une manipulation qui explique le silence, et même une responsabilité qui est retournée. C'est très destructeur car ce discours d'hommes violents donne l'impression à la femme qu'elle le mérite". Ce que démontrent ces paroles quasi documentaires.

Entre deux "Je fais rien de mal" et un plus menaçant "Si tu t'en vas, où que tu sois, je te trouverai", La claque évoque même le sujet encore trop tabou et pourtant si banalisé du viol conjugal ("Je veux te faire l'amour. Allez viens s'il te plaît, m'oblige pas à te forcer"). Des choeurs féminins pour dire bien des formes de violences donc, à la fois sexuelles, physiques et psychologiques, toujours systémiques. On salue donc la pertinence de cette vidéo, que son autrice dédie à toutes celles qui "n'auront plus peur de partir, si elles se sentent soutenues".

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.

- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.

Mots clés
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