"Ouvrez les jambes Madame, mettez vos pieds dans l'étrier, s'il-vous-plaît". Pour certaines d'entre nous, cette phrase est tout ce qu'il y a de plus normale lorsqu'elle est prononcée lors d'une consultation gynécologique. Mais pour d'autres, dévoiler ainsi son intimité à un·e inconnu·e, y compris un·e médecin, s'avère une source d'angoisse, voire de traumatisme pour celles qui ont subi des violences gynécologiques.
C'est le cas de Marie Rimbault-Joffard, qui a fini par trouver "pesantes" les très nombreuses consultations médicales qu'elle a dû effectuer lors du suivi de sa grossesse. Pour y remédier, elle s'est lancée dans la confection d'une culotte qui s'ouvre au niveau du vagin "permettant à toute la partie supérieure de la vulve, du pubis et de la zone anale d'être dissimulés".
L'idée de l'entrepreneuse est de s'adresser aux patientes qui renoncent à un dépistage du cancer du col de l'utérus, par crainte de dévoiler les parties intimes de son corps. Un phénomène assez répandu, puisque 40% des Françaises ne respectent pas la fréquence de dépistage (tous les 3 ans) recommandé par l'Institut National du Cancer.
Un rejet dû en partie, comme l'a expliqué le médecin Martin Winckler au magazine L'Express en 2015, à une gêne ressentie quand le·la praticien·enne demande à la patiente de déshabiller complètement et d'écarter les jambes.
"Il faut laisser le choix. Il y a beaucoup de femmes que ça ne gêne pas outre mesure d'être examinée dans la position gynécologique classique, si elles sont d'accord, si elles comprennent l'intérêt de le faire et si c'est fait avec délicatesse. Pour d'autres, la nudité et le contact visuel direct avec le médecin alors qu'elles ont les jambes écartées est difficile."
La culotte, qui a déjà séduit des gynécologues et sages-femmes pratiquant régulièrement des frottis, pose de stérilet et autres examens vaginaux, devrait sans aucun doute convaincre un bon nombre de patientes.
"Ce dessous adapté apportera du réconfort aux patientes en préservant leur intimité, donc elles seront plus détendues, et l'examen sera beaucoup moins douloureux pour elles", promet Marie Rimbault-Joffard.
Baptisé "Imagyne", le projet est en cours de réalisation et bénéficie du soutien de l'association France Active. Lauréate des quatorze finalistes du concours organisé par l'association, Marie Rimbault-Joffard espère pouvoir sortir ses premiers modèles- des shorties noirs en tissu- dans les prochains mois à venir.
La créatrice d'Imagyne compte également mettre des lots de sous-vêtements jetables à disposition des professionnel·les de santé, afin qu'ils·elles puissent les proposer à leurs patientes avant l'examen.
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