Afin de contourner le tabou social et religieux, de plus en plus de Tunisiennes auraient recours à la réparation chirurgicale de l’hymen, révèle la psychanalyste Nédra Ben Smaïl dans « Vierges ? La nouvelle sexualité des Tunisiennes » paru samedi. « Les médecins estiment à seulement 5% les filles tunisiennes qui ne se préoccupent pas de la question de la virginité avant le mariage, 20% seraient des « vraies vierges » et plus des trois-quarts seraient des « vierges médicalement assistées » », écrit-elle. Des chiffres qu’elle a obtenus en s’entretenant avec des gynécologues et en recueillant des centaines de témoignages anonymes via Internet. Selon elle, les cliniques qui pratiqueraient ces interventions, facturent l’hyménoplastie entre 600 et 1 000 dinars tunisiens (soit 300 à 500 euros).
Selon l’auteure, une Tunisienne qui a eu des relations hors mariage est considérée « au mieux, comme la victime de ses pulsions et de sa naïveté, au pire comme une fille de mauvaise vie. Dans tous les cas, elle est un être malade et souillé », écrit Nédra Ben Smaïl, expliquant l’existence de cette pratique en Tunisie depuis les années 1970. « La médecine vient alléger l'angoisse sociale des femmes, (...) rassure les femmes et leur offre un compromis », estime ainsi l’auteure. Elle rappelle par ailleurs que les autorités religieuses internationales ont émis en 2007 une « fatwa » autorisant les hyménoplasties, alors que selon une étude réalisée en 2005 par l'hôpital psychiatrique Razi de Tunis, 83,7% des Tunisiens estiment qu'une femme doit préserver sa virginité jusqu'au mariage.
Avec AFP
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