« Il y a chaque année 18 000 morts directement liés à la prise de médicaments. Parmi eux, beaucoup de cas sont inévitables, mais un tiers de ces décès correspondent à des prescriptions qui ne sont pas justifiées », a indiqué lundi 27 mai, le docteur Bernard Bégaud, entendu comme témoin à Nanterre dans le procès du Mediator.
Un chiffre supérieur aux suicides et aux accidents de la route réunis, puisque l'on dénombre environ 10 000 suicidés chaque année en France, et 3 645 personnes tuées sur les routes en 2012, selon les chiffres de la sécurité routière.
« La France est un pays qui depuis toujours surveille très mal l'usage des médicaments », a déploré le professeur, membre de la commission de pharmacovigilance de 1982 à 2000 et co-auteur d'une étude sur le sujet. En témoigne l’affaire du Mediator, un antidiabétique qui a été détourné comme coupe-faim et prescrit aux patients qui souhaitaient perdre du poids. S'il a été retiré du marché en 2009, et accusé de provoquer des hypertensions artérielles pulmonaires et des valvulopathies (dysfonctionnement des valves cardiaques), 5 millions de personnes en auraient consommé.
« Mourir pour un produit dont vous n'avez pas besoin est quelque chose de très grave », a souligné le professeur, qui en a profité pour pointer du doigt la mauvaise formation des médecins en pharmacologie. « Les alertes sur les effets indésirables d'un médicament proviennent à 85 % des hôpitaux et seulement à 15 % des médecins libéraux », car ceux-ci sont mal formés en pharmacologie, a-t-il affirmé.
Elodie Cohen Solal
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