Le comité des grâces de l’état de Géorgie a refusé la clémence mardi et maintenu la date de l’exécution : Troy Davis, dont l’exécution avait déjà été reportée trois fois depuis sa condamnation en 1991 a été exécuté mardi soir à 23h08 (5h08 heure française) par injection létale.
Jusqu’à la dernière minute le condamné a soutenu son innocence. « Ce n'était pas de ma faute, je n'avais pas d'arme », a-t-il déclaré, selon une journaliste locale qui a assisté à l'exécution aux côtés de parents de la victime. « À ceux qui s'apprêtent à m'ôter la vie, que Dieu vous bénisse », a-t-il ajouté.
Son avocat, Me Brian Kammer, avait tenté les derniers recours possibles, en faisant appel à la Cour suprême des États-Unis, après un refus de la Cour Suprême de Géorgie de reculer l’exécution. Sa requête citait notamment un « faux témoignage » du médecin légiste qui a autopsié le corps de Mark MacPhail, le policier décédé. Mais ces nouveaux éléments n’ont pas convaincu. Initialement prévue à 19h, l’exécution a néanmoins été décalée de plus de trois heures, dans l’attente de la décision de la Cour suprême des États Unis, qui a finalement rejeté la requête de Troy Davis.
Des doutes sur la culpabilité
Le Noir américain de 42 ans, dont vingt ans passés dans le couloir de la mort, avait en effet été condamné sans qu’aucune preuve matérielle ne vienne prouver sa culpabilité : ni arme du crime, ni empreintes ou ADN. Sur les neuf témoins qui avaient affirmé l’avoir vu tirer sur le policier Mark MacPhail dans la nuit du 19 août 1989, sept s’étaient ensuite rétractés, certains affirmant même que la police les avait poussés à porter de faux témoignages. Mais ces déclarations n’avaient pas suffi à convaincre.
Cette affaire avait soulevé une forte mobilisation internationale. Présenté par ses partisans comme le prototype du Noir condamné à tort pour le meurtre d’un policier blanc, Troy Davis était devenu le symbole de la lutte contre la peine de mort aux États-Unis. L’ancien Président américain Jimmy Carter, le pape Benoît XVI ou encore l’actrice Susan Sarandon avaient rallié sa cause, demandant sa grâce. En France, l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, père de l'abolition de la peine de mort, s’était exprimé également, déclarant la veille de l’exécution : « si demain on l'exécute, ce sera une tache sur la justice des États-Unis ». « Nous déplorons vivement que les nombreux appels à la clémence n'aient pas été entendus », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Martine Aubry avait quant à elle jugé « effarant » que « l'on puisse décider qu'un homme puisse être exécuté par la main d'un autre homme ».
L'État de Géorgie a procédé à 51 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976 et seules sept grâces ont été accordées depuis.
Avec AFP
Crédit photo : Georgia Department of Corrections
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