Je m'appelle Camille, je suis diplômée d'un M2 en Cultures et Métiers du web et je suis boxeuse depuis 10 ans, compétitrice depuis 3 ans. La boxe française m'a fait mûrir et prendre confiance en moi. Elle me permet d'adopter des bons réflexes, une certaine prudence et vigilance quant à mon environnement. En revanche, elle reste un sport et non pas un art martial ou de self-défense donc je ne l'utilise en aucun cas comme "arme" et je ne considère pas être Wonderwoman. Je ne me suis servie de la boxe que deux fois : face à un homme qui présentait un comportement violent, que j'ai arrêté avec un chassé en plein ventre et face à un autre qui m'avait touché les fesses dans l'escalier du métro. Je me suis retournée et par réflexe, j'ai mis un gros chassé dans son dos. Mais je n'en suis jamais fière, c'est toujours la tristesse et le sentiment d'impuissance face à ces comportements malveillants qui prennent le dessus.
Ce soir, j'ai un méga coup de gueule à passer : un pouilleux vicelard m'a suivie et collée au cul jusqu'à ne plus savoir quoi faire. Du moment où je suis montée dans le bus 91 à Montparnasse jusqu'à chez moi, dans le 14e arrondissement.
J'allais à gauche, il allait à gauche. J'allais à droite, il allait à droite.
Je m'assois dans le bus accordéon complètement vide, il s'assoit pile derrière moi. Je le teste : je me lève, il se lève. J'appuie sur le bouton pour descendre, il se poste derrière moi pour descendre au même arrêt. Si j'avais pas mon sac de sport sur le dos, limite il s'y collait !
Résultat, je prends mon courage à deux mains, pleine de honte, de peur qu'on me prenne pour une parano prétentieuse : je demande au chauffeur de surveiller le chewing-gum dégueulasse qui me colle aux basques depuis 10 minutes, juste le temps que j'entre dans mon immeuble qu'il verra depuis sa fenêtre.
Le chauffeur, plein de gentillesse, me dit : "Restez dans le bus, je dépose tout le monde et je fais demi-tour pour vous déposer, de toute façon je ramène le bus au centre terminus".
Le chewing-gum, lui, ne s'était pas dégonflé et m'avait suivie jusqu'à l'avant du bus pendant que je parlais au chauffeur. Arrivés au terminus, il a vu que je ne descendais pas donc il est resté dans le bus aussi ! Au terminus ! Le chauffeur a été obligé d'hurler : "C'est le terminus monsieur", chewing-gum visqueux a dit "ah pardon" et il est descendu.
Le chauffeur a ri jaune en me disant : "il était déterminé !". Quant à moi, je l'ai remercié 10 fois après qu'il m'ait déposée en bas de chez moi. Autant parfois, dans ce genre de situation (car oui, ça arrive malheureusement bien trop souvent, demandez aux femmes), je regarde le gars et je lui dit un truc bien placé, autant là celui-là avait vraiment une tête de méchant, je n'avais pas confiance... vraiment pas !
DONC, ce post pour gueuler ma colère en premier lieu. Parce que j'en ai marre de ces connards qui n'ont aucun respect pour les femmes. Ce genre d'agression ? Cela m'arrive à des échelles différentes quasiment hebdomadairement... C'est tellement fréquent que les femmes elles-mêmes rentrent la plupart du temps blasées, n'évoquant même pas ce qu'il s'est passé, par lassitude, tristesse et peur qu'on minimise la situation.
Mais surtout, je veux remercier le chauffeur au joli accent antillais et souriant, qui m'a sauvée ce soir d'une bonne grosse angoisse, si ce n'est pire. Car je ne saurai jamais ce qui aurait pu se passer s'il ne m'avait pas aidée. Alors à toi chauffeur, merci ! Dans ce malheur, je retiens que des gens bien existent, des hommes qui plus est.
Ah oui, la photo : c'est comme ça que j'étais habillée durant tout ce triste épisode. Le summum de la "sexy attitude", n'est-ce pas ?
Ce billet et cette photo ont été publiés sur le Facebook de Camille.