Culture
"Je m'appelle Bagdad", portrait lumineux d'une skateuse hors normes
Publié le 22 septembre 2021 à 12:18
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Entre chronique sociale et récit d'émancipation, "Je m'appelle Bagdad" suit une jeune skateuse brésilienne qui défie les codes et les assignations. Un joli portrait à découvrir en salles ce 22 septembre.
Bande-annonce de "Je m'appelle Bagdad"
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Elle a 17 ans, la moue boudeuse, le sourcil froncé, le cheveu court et le T-shirt XXL. "Je ne ressemble pas aux filles des magazines", dit-elle. "Dieu merci, tu es différente", lui susurre son amie trans. Car ce que Bagdad aime par-dessus tout, c'est traîner avec les garçons au skatepark et s'entraîner à faire des tricks, encore et encore. Elle est une bizarrerie dans un univers de mecs dont elle a adopté les codes, mutiques, pudiques, parfois brutaux.

Bagdad n'a pas d'argent, mais une insatiable soif de liberté, un luxe que lui offre sa planche à roulettes. Et quand elle ne glisse pas sur le bitume, elle devise avec les copines de sa mère dans un salon de beauté ou file se lover au coeur d'un joyeux matriarcat, entourée de ses deux soeurs. Et si sa rencontre avec d'autres skateuses faisait vaciller ses repères ?

"Je m'appelle Bagdad" de Caru Alves de Souza © Camila Cornelsen
Skategirl non-binaire

Du Kids de Larry Clark, en passant par le Paranoid Park de Gus Van Sant ou 90's de Jonah Hill, la figure du skateur, parangon de la coolitude, inspire les réalisateurs... et les réalisatrices. Succédant à Catherine Hardwicke (Les Seigneurs of Dogtown) et Crystal Moselle (Skate Kitchen, Betty), Caru Alves de Souza livre sa version brésilienne de la rideuse, bien loin des gratte-ciel, palmiers et skateparks étatsuniens. Car c'est au coeur du quartier populaire de Freguesia do Ó à Sao Paulo que la cinéaste a filmé son deuxième long-métrage.

Entremêlant chronique sociale et coming of age, Je m'appelle Bagdad explore à travers le regard de son impétueuse héroïne l'identité de genre dans un espace qui n'a pas été pensé et conçu pour les femmes. Bagdad (incroyable Grace Orsato) est hybride, elle défie les normes, se joue des assignations. Et doit slalomer entre les pièges d'une masculinité toxique qui affleure là où elle rêvait d'égalité.

Tour à tour poétique, hypnotique et truculent (il y a du Almodovar dans cette singulière galerie de personnages féminins), ce lumineux portrait parvient à capter, notamment à travers de très belles scènes de glisse, l'énergie bouillonnante de la jeunesse brésilienne. Et saisit avec tendresse le pouls d'une société en marge où les rêves, l'humour et la solidarité servent de refuges contre la dureté du monde.

Je m'appelle Bagdad

Un film de Caru Alves de Souza

Avec Grace Orsato, Helena Luz, Karina Buhr...

Sortie en salle le 22 septembre 2021

Mots clés
Culture cinéma feminisme News essentielles
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